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Albanie : Présentation
Albanie : Présentation

Le Parcours :

 

Pour mieux comprendre l'éveil de l'Albanie au football continental, il faut remonter le temps. Et prendre le temps de s'arrêter sur ce mois de décembre 2011. Lassé par les résultats médiocres de sa sélection, le président de la Fédération, Armando Duka, annonce un virage à 180 degrés. L'idée est simple : profiter de la refonte du format de l'Euro pour valider une première participation à une phase finale d'une compétition internationale. Le discours se veut résolument ambitieux. Les moyens aussi. Entre programme de restructuration des infrastructures et augmentation sensible du budget. Un homme est chargé d'incarner ce projet : Giovanni De Biasi.

Un Italien qui a forgé sa réputation en se faisant le spécialiste des causes perdues, accrochant des maintiens inespérés et des montées improbables. Séduit par la mission, il reçoit la garantie avec son adjoint, Paolo Tramezzani, de pouvoir voyager comme bon lui semble pour dénicher des talents susceptibles d'intégrer son groupe. « Nous avons eu le chance que d'autres n'ont pas eu, acquiesce-t-il. On pouvait pour la première fois décider de notre propre sort, prendre des Albanais venant de n'importe où et les convaincre de nos rejoindre. »

C'est bien simple, aujourd'hui seul Cana est rescapé de l'époque post-De Biasi, tous les autre éléments ayant rejoint les Aigles au cours des quatre dernières années. Gezim Sinemati, le Vincent Duluc, en est convaincu. Ce changement de stratégie et de perspective est la clé de la révolution des Aigles. « Si l'équipe nationale était toujours composé de joueurs du championnat national, il est évident que l'on ne se serait pas qualifié, commente-t-il. Mais tous sont désormais des joueurs jouant dans des championnats étrangers de qualité et De Biasi a choisi les meilleurs d'entre eux. »

Après avoir rencontré pas moins de 148 joueurs et parcouru des milliers de kilomètres, n'hésitant pas à se rendre jusqu'en Chine et en Australie, il a finalement porté son choix sur des garçons d'une vingtaine d'années évoluant principalement en Suisse, en Allemagne et en Italie. A l'instar des Mavraj, Basha, Xhaka, Cani et autres Balaj. L'alchimie est née sur une idée directrice. La solidité défensive et le don de soi. Résultat, les Albanais n'ont pris aucun but en déplacement durant les éliminatoires, s'offrant même un succès au Portugal, et ont grandi collectivement à la suite des événements tragiques de Belgrade.

 

 

Le Sélectionneur : Gianni De Biasi

 

Ses succès les plus notables, il les a connus avec Modène et le Torino au cours des années 2000. Dans un scénario à la symétrie troublante, il a extirpé les deux clubs du bas-fonds du football italien pour les porter et maintenir en Serie A. En l'espace de deux saisons, il a opéré une transformation totale de leur mode de fonctionnement pour en faire des machines à monter. Deux accessions consécutives suivies d'une opération survie dans l'élite qui ont convaincu, en dépit de passages plus mitigées à Levante ou l'Udinese, les dirigeants Albanais de lui offrir un poste de sélectionneur.

Avec la même idée d'opérer un lifting majeur du quotidien des Aigles afin de leur modeler un futur capable de rivaliser avec les meilleures nations après avoir traversé des décennies d'échec au niveau international. Si les premiers pas sont hésitants, ils posent les
jalons d'un renouveau. De Biasi est venu pour bâtir. Pas pour repartir au bout de quelques mois. Dans l'intimité du vestiaire, à la suite de son premier match à la tête de l'Albanie et d'une défaite sans éclat face à la Géorgie en février 2012, il prend le temps de rédiger une lettre à ses joueurs. Comme pour mieux asseoir son autorité et ses principes de jeu.

« Aujourd'hui, nous prenons un nouveau chemin et peu importe le temps que nous passerons ensemble. Ce qui compte réellement est qu
'aujourd'hui, nous commençons à bâtir les fondations d'une équipe capable de grande chose. J'ai foi en vous et je serai là pour vous. Je vais vous donner l'opportunité d'aller sur le terrain et de devenir reconnus comme des héros combattant pour leur propre patrie. Les victoires on va les préparer mais cela ne veut pas dire que les plus courageux gagnent tout le temps. »

Dans un discours résonnant au triptyque « bataille » « victoire » et « larmes pour le maillot », il touche la fibre patriotique d'une diaspora albano-kosovarde qui se cherche un destin commun. Une victoire face à la Norvège durant les qualifications pour la Coupe du Monde 2014 matérialise les premiers bienfaits de sa méthode. Elle finit de convaincre aussi son groupe de la pertinence de ses choix.
Qui se retrouve dans sa décision de prendre la nationalité albanaise en 2015. « Quand j'ai dit que l'Albanie pouvait le faire, vous m'aviez ri au nez, tance De Biais, un brin bravache au soir de la qualif. Mais nous sommes le genre d'équipes qui peut poser des problèmes à n'importe qui parce que nous sommes une vraie équipe avec un grand E. Notre force c'est notre groupe. »

 

 

La Star : Lorik Cana

 

La scène dit tout ou presque de l'aura dont il jouit. En cet après-midi de printemps, le soleil tape fort sur Gjakova. Insouciants et simplement heureux de gambader, des bambins poussent le ballon. A moins de 300 kilomètres au nord du Tirana, les balafres de la guerre des Balkans peuplent pourtant encore les rues. Les tags et les murs criblés de balle disent l’horreur d’un passé pas si lointain. A bord de son 4X4, Lorik Cana serpente le fief familial avant de faire un arrêt au stade. L’équipe locale affronte le FC Pristina, club dans lequel son père a évolué durant onze années.

Discret, il se faufile sans attirer l’attention. Avant que le speaker, en ambianceur désigné, ne se décide à faire grimper la température de quelques degrés. Le temps se suspend. Les regards se figent. Le silence se rompt. La voix d'un vieillard, posté près de lui, perce « Tu es notre idole ». Les trémolos, quasi imperceptibles, trahissent une admiration sans condition. L'hommage instantané synthétise la fierté d'un peuple en quête d'identité et de reconnaissance. C'était un temps où Cana évoluait encore au PSG. Mais, à en croire son agent, Edvin Murati, la scène n'a pas pris une ride. « C'est la star là-bas. Quand tu dis Albanie, c'est Lorik. » L'inverse aussi.

« Comme c'est beau d'être Albanais » a-t-il publié sur son compte Twitter après le match en Serbie le 14 octobre dernier. Quand tu dis Lorik, tu dis aussi clan Cana. Cet attachement à sa terre se traduit par un quotidien jamais loin de siens. Ce qui donne parfois lieu à des scènes invraisemblables. A Paris notamment, où son père et grand-père s'attablent, en ce jour d'automne 2004, à ses côtés dans un café baigné d'une ambiance de souffre. Supporters mécontents en face de lui, Cana ne se démonte pas. Il rejoindra pourtant quelques mois plus tard Marseille, après que son paternel ait menacé le président parisien de l'époque, Pierre Blayau. Finalement, comme le résume Barranguet, journaliste qui l'a côtoyé à Rome, Cana c'est tout ça à la fois : « Un guerrier, de l'expérience et un ouvreur de gueule ! »

 

 

JULIEN ROUX



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2016-06-07 07:03:54
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