Allemagne – Pologne : 0 – 0


Le premier 0-0 de cet Euro ne valait franchement pas mieux. Et c'est peu dire que la frustration est grande. Islande – Hongrie, on aurait compris. Mais là, Allemagne-Pologne, ça avait de la gueule. Et comme si cela ne suffisait pas, voilà déjà les sempiternels grincheux susurrant leur petite musique à propos de la Ligue 1. L'espace d'un instant, le fantôme de la L1 se serait ainsi invité au stade de France comme il le fait, taquin, les dimanches soirs, pour méticuleusement défaire une à une les promesses suscitées. Et diable qu'il y en avait…

La rivalité entre les deux nations avait pris une belle épaisseur en éliminatoires. Installées dans le même groupe, elles s'étaient jusqu'au bout livrées un mano a mano pour la première place, la Pologne renversant même pour la première fois de son histoire la Mannschaft. La belle, à n'en pas douter, s'annonçait prometteuse. Il n'en fut rien. La présence de Robert Lewandowski, meilleur buteur de la Bundesliga, était, pensait-on, une garantie de spectacle. Peine perdue. Comme face à l'Irlande du Nord quelques jours auparavant, l'attaquant du Bayern Munich n'a pas cadré une seule de ses tentatives. Quand ça va pas.

Et que dire alors de la formation de Joachim Löw. Une fois encore, le champion du Monde en titre a semblé courir après le spectre de son été brésilien, prolongeant l'idée que ses nombreuses défaites au cours des derniers mois n'étaient pas seulement le fait de contre-coup de soirées houblonnées. L'Allemagne se cherche. Et, de toute évidence, peine à se trouver, et à s'écrire une nouvelle histoire commune. Comme si, la transition, née des retraites internationales de Lahm et Klose, n'était pas encore tout à fait évacuée. L'Allemagne est fragile. Bancale. Prévisible. Bien loin donc de l'image de cette mécanique de haute précision qui broyait un à un ses adversaires.

Face à la Pologne, elle n'a ainsi cadré aucune de ses tentatives en première mi-temps. Il faut dire qu'elles n'étaient pas légion. A l'exception d'une tête de Götze, elle n'est jamais parvenue à mettre en défaut le bloc défensif polonais. Son système sans attaquant prouve ainsi ses limites. Sans véritable numéro neuf, elle ne peut se reposer sur un point d'appui capable de garder le ballon pour faire ressortir son groupe et offrir des espaces à ses milieux. Nul doute que la nouvelle décevante prestation de Götze, toujours handicapé par un physique fragile, va pousser le sélectionneur allemand à la réflexion.

L'entrée en jeu de Mario Gomez à un quart d'heure du terme le laisse à penser. Pas sûr cependant que la présence au coup d'envoi de l'avant-centre de Besiktas soit la solution à tous les maux allemands. Sa défense a, elle aussi, souffert. Les latéraux, Hector et Höwedes, ont affiché des lacunes dans le repli défensif et le un contre un qui auraient pu avoir de plus lourdes conséquences si Milik n'avait pas fait preuve d'une étrange maladresse. Par deux fois, l'attaquant de l'Ajex Amsterdam aurait dû tromper Manuel Neuer. Et par deux fois, il s'est précipité. Ne choisissant pas la bonne surface de contact.

Alors qu'il aurait dû privilégier le plat du pied, sa tête a quatre mètres de la ligne de but, à la réception du centre délicieux de Grosicki, a fui le cadre. Sa reprise du gauche, sur un nouveau service du rennais, est resté dans ses pieds alors que son corps en arrière trahissait un manque de confiance criant. Sa chute le confirmait. Non vraiment, il n'y avait rien de bon à retenir de cet Allemagne-Pologne.


J.R.


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