Angleterre – Pays de Galles : 2 – 1
Buts : Vardy (56e) et Sturridge (90e+1) pour l'Angleterre ; Bale (42e) pour le Pays de Galles
Trois Lions face à un Dragon. L'affaire fleurait bon le roman de cape et d'épée. Alors quand Gareth Bale s'est élancé dans une course chevaleresque, on s'est dit que le s
cénar ne se foutait vraiment pas de la couv'. Perfide Albion avait bien bâti sa muraille. Mais le Gallois piquait l'ennemi d'un tir diabolique. L'archer avait, il est vrai, déjà bien aiguisé son arme lors de sa précédente conquête, surprenant son adversaire sur son côté fermé. Visiblement bien informé, Hart lui ouvrait en grand le côté opposé. La flèche faisait mouche, bien aidé par une paume décidément toujours aussi capricieuse. Le Madrilène venait de donner une épaisseur un tantinet plus dramatique à l'affrontement en devenant le troisième joueur seulement à inscrire deux coup-francs directs au cours d'un même Euro (Platini et Hassler avaient été ses prédécesseurs).
Roy Hodgson, le commandant en chef des armées anglais, faisait grise mine, blâmant sans doute cette satanée malédiction frappant ses gardiens de but à intervalle fréquent. Peut-être regrettait-il aussi que ses troupes aient affiché trop peu de velléités offensives au cours d'un premier acte où elles n'avaient pas su mettre le Pays de Galles que trop rarement sur le reculoir. Bien sûr, elles s'étaient créées quelques opportunités, mais avaient manqué de précision et de tranchant dans le geste. Surtout, Harry Kane, son artificier déclaré, semblait emprunté, s'épuisant dans des courses inhabituels et ne parvenant pas à s'extirper de la garde rapprochée de Williams.
Une fois pourtant, il avait fait parler sa puissance puis sa finesse technique pour lancer Lallana en profondeur. Ce dernier, d'un centre fuyant, trouvait Sterling au point de penalty. Et comme souvent, le joueur de Man City ratait sa cible. Hodgson n'avait donc d'autre choix que de changer ses commandements. L'opération « première victoire après avoir été mené score en phase finale d'une grande compétition » était lancée. La stratégie ne changeait guère, à l'inverse des hommes. Exit Kane et Sterling. Place à Vardy et Sturridge. L'effet fut immédiat. Plus mobile, plus inspirée et déterminée, l'animation offensive anglaise faisait le siège de son frère ennemi gallois.
Les cœurs rouges tentaient bien de repousser de la voix les assauts. Mais trop nombreux, ils finirent pas briser les résistances, y compris celles d'un Ramsey pourtant jusque-là irréprochable dans le combat. Sur un centre de Sturridge, Williams remettait malencontreusement le ballon dans les pieds de Vardy. L'attaquant de Leicester ne laissait pas passer l'offrande. Pas le genre du garçon qui marquait son quatrième but en cinq sélections sur son troisième ballon. Asphyxiés, les Gallois ne parvenaient plus à se défaire de l'étau. Retranchés dans leur camp, ils ne tenaient plus le ballon, se contentant dans le rendre à leur adversaire.
Face à un danger inexistant, les Anglais se ruaient à l'attaque, conscients qu'un nul, après celui concédé face à la Russie, ne les placerait pas en position idéal pour la suite.Hodgson lança donc sa dernière fine gâchette, Rashford. Si son apport fut bien minime, son entrée en jeu synthétisa les intentions et les prises de risque d'un entraîneur souvent raillé pour sa passivité et son manque de romantisme. Sa stratégie allait se révéler payante quand Sturridge s'arracha au milieu d'une forêt de jambes pour surprendre Hennessey au bout du temps additionnel. Les Lions rugissaient de bonheur. Le Dragon, tête basse, regagnait sa tanière. L'exploit d'un premier triomphe depuis 1984 était passé près...
J.R.
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