Angleterre – Russie : 1 – 1
Buts : Dier (73e) pour l'Angleterre ; (Berezutski 90e+2) pour la Russie
Oui il y a eu un match au Vélodrome. Et pourtant, l'envie de le narrer n'y est pas. Car le remake de 98 s'est produit. Le déferlement de violence sanglante en démultiplié. L'acte 1 des Anglais sur la Canebière 16 ans auparavant avait déjà déversé son flot de haine et d'agression entre Britanniques et certains jeunes des quartiers nord notamment. L'acte 2 des Anglais sur le Vieux-Port a, trois jours durant, fait coulé le houblon, le sang et la honte. Pourtant, Antoine Boutonnet, le commissaire en charge de la DLNH, se refusait à parler de « constat d'échec » après la rencontre. Peut-être n'avait-il pas vu la même chose que les caméras du monde entier… Peut-être ne voulait-il pas désavouer sa politique de répression aveugle et d'interdictions de stade à tout va et de déplacements des ultras injustifiés… L'organisation policière n'a rien fait – ou presque – pour prévenir ce que les experts du supportérisme ne cessaient de répéter ces dernières semaines.
En substance, cet Angleterre – Russie à Marseille serait explosif en opposant deux courants du hooliganisme. La version Old School à la recherche de son âge d'or avec des leaders désormais quasi inactifs dans l'ombre de la nouvelle génération. Et celle des pays de l'Est où les rendez-vous dans les bois pour en découdre au cours de fights est l'unique règle qui prévale. Un sport proche du MMA en pleine nature que ses adorateurs s'attachent à préparer à la façon d'une mécanique de haute précision. C'est d'ailleurs ces bandes qui habituellement s'opposent qui ont déferlé sur Marseille et les Anglais dans une entente de circonstances. Faisant régner la terreur et le chaos. Laissant même un Britannique entre la vie et la mort. Désorganisés et privés de leurs leaders historiques restés en Perfide Albion, les enfants de la Reine ont bien riposté. Mais à voir leur visage et leurs vêtements dépouillés, on se dit qu'ils s'étaient engagés dans un combat disproportionné.
Totalement dépassés, les CRS n'ont pas vraiment joué leur rôle de force apaisante. Au contraire. En agitant leurs matraques et en pulvérisant de bombe lacrymo la foule, ils ont créé un climat propice auquel quelques poches de Marseillais avaient au préalable contribué... Pendant ce temps-là, Berezutski répondait à Dier (auteur d'un magnifique coup-franc) dans les arrêts de jeu. Privant ainsi l'Angleterre d'un succès qui lui tendait les bras et qu'elle avait su construire avec patience et intelligence à l'image du trio Alli-Lallana-Walker. Mais ça, c'était juste avant que des centaines de russes se jettent à l'assaut de fans anglais en brisant, sans la moindre opposition, la fine zone qui jusque-là les séparaient… Les affrontements se poursuivaient dans le métro et sûrement tard dans la nuit. Et dire que l'Euro ne fait que commencer...
JULIEN ROUX
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