Belgique – Irlande : 3 – 0
Buts : R. Lukaku (48e et 70e) et Witsel (61e)
Et si les Diables Rouges n’étaient pas si diaboliques que la rumeur le laissait entendre ? La question se posait avec une certaine acuité au sortir d'un bon vieux gloubi-bougla face à l'Italie. Présentés comme la nouvelle terreur, ils n'avaient pas effrayé grand-monde. Mais plus sûrement eux-mêmes. Désorganisés, incapables de se révolter et de jouer ensemble, ils n'étaient que l'ombre de leur pâle reflet. Et visiblement, cela n'avait pas vraiment contribué à réchauffer l'ambiance. Quoique la température grimpait sacrément quand Courtois et son sélectionneur s'échangeaient quelques amabilités. Que les murs n'avaient rien fait pour contenir...
Cela était-il cependant un mal pour un bien ? Cette équipe avait-elle besoin de se dire certaines vérités pour grandir ? L'arrogance d'une jeunesse talentueuse devait-elle s'éprouver dans la difficulté pour enfin s'épanouir collectivement ? On allait vite le savoir. La rencontre face à l'Irlande serait un révélateur. Et plus encore, un acte fondateur ou, à l'inverse, une promesse sans lendemain où les espoirs de grandeur prennent forme ou se brisent en éclats. Les 45 premières minutes suggéraient plus certainement la deuxième éventualité.
Bien sûr, avaient-ils tenté de forcer la muraille verte se dressant inéluctablement devant eux. Mais leur manque d'imagination et de mouvement n'avait pas créé grand-chose. Il y avait bien eu cette frappe puissante d'Eden Hazard tutoyant la transversale de Randolph à la suite d'un renvoie approximatif de la défense irlandaise aux allures d'offrande. Il y avait eu également ce but de Ferreira Carrasco après une première tentative de la tête consécutive à une merveille d'ouverture de De Bruyne s'échouant sur la barre. Le drapeau s'était cependant levé... et le verrou s'entêtait à ne pas sauter.
On pensait même qu'il allait se fermer d'un double tour quand Alderweireld posé ses crampons sur la tête de Shane Long au cœur de la surface de réparation. L'arbitra ne broncha pas. Et la contre-attaque s'amorça. De Bryune, lancé par Lukaku, posa une accélération sur le côté droit et élimina son vis-à-vis avant de retrouver l'avant-centre d'Everton. Plein axe, ce dernier, dont le statut de titulaire était jusque-là largement remis en cause, ajusta le portier irlandais d'un plat du pied gauche à l'entrée de la surface. Et si la face du destin de la Belgique avait changé ? Et si la Belgique s'échappait enfin de ses peurs et de ses crispations intestines ?
La suite pouvait le laisser à penser. Même si la prudence d'une confirmation obligeait à une forme de réserve. Le but de Witsel inscrit dans la foulée suggérait néanmoins une certaine confiance retrouvée. Un mouvement collectif façon Invicible Armada à la précision et à la créativité rarrissimes. Pas moins de 24 passes pour une conclusion de près du milieu du Zénith. Du jamais-vu à l'Euro depuis 1980 ! Hazard, un brin discret, rappelait sa capacité à se nourrir des espaces en dévalant dans le couloir avant d'offrir un doublé à Lukaku. La fin n'était que maîtrise et plaisir. La rumeur aurait-elle une once de vérité ?
J.R.
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