Espagne – Rep Tchèque : 1 – 0
But : Piqué (87e)
Le changement, c'est maintenant. Ou pas. Et si Vincente Del Bosque était tiraillé entre l'idée d'apporter de profondes retouches à sa formation et celle d'étirer les fondements qui avaient enfanté sa suprématie. Au final, cette rencontre face à la République Tchèque a confirmé l'impression laissée au cours des éliminatoires. La Roja a évolué sans se renier. Prolongeant parfois le sentiment d'une équipe à la possession stérile. Voire même ennuyeuse. Amateur de la sieste s'abstenir. A la pause, les Espagnols dominaient outrageusement. Mais n'avaient fait passé que deux-trois frissons tout au plus dans la défense tchèque. Bien sûr, Petr Cech avait dû s'employer avec brio aux devants de Morata, Jordi Alba et David Silva.
La République Tchèque donnait cependant l'impression de s'accommoder sans mal de cette physionomie (74 % de possession pour l'Espagne à la mi-temps). Elle respectait en réalité parfaitement le plan de jeu établi. En s'installant bas et en restant compact, elle privait les Espagnols d'espaces dans le dos de sa défense ou dans le cœur du jeu. C'est qu'elle n'avait pas la mémoire courte non plus. Elle se souvenait amèrement de cette statistique peu flatteuse. Avec 14 buts encaissés (aucun clean sheet) en qualifications, elle s'avançait dans cet Euro avec le pire bilan défensif des équipes qualifiées. Guère étonnant donc de la voir faire profil bas. Le deuxième acte ne changeait pas grand-chose à l'affaire.
Les changements opérés par Del Bosque ne modifiait pas ce 4-5-1 immuable et n'apportait pas non plus la fraîcheur et la lucidité nécessaires dans les 30 derniers mètres. Pedro, Lucas Vazquez ou encore Aduriz (à la place de Nolito, Morata, Silva) ne parvenaient à trouver la faille. Le temps s'écoulait inexorablement, et les Tchèques s'enhardissaient même. Sur deux coups de pied arrêtés de Tomas Rosicky, ils étaient même tout près de réaliser le parfait hold up. Sur le second, la tête de Gebre Selassie au second poteau était acrobatiquement repoussée par Fabregas sur la ligne. La frustration se lisait sur les visages espagnols. Refusant toutefois de céder à la précipitation, ils reprenaient leur travail d'usure en y apportant un peu plus de présence physique dans la surface adverse.
Piqué et Sergio Ramos profitaient des phases arrêtées pour flirter un peu plus qu'à l'accoutumée avec la défense tchèque. Ainsi à la suite d'un centre renvoyé comme il put par Rocisky, Iniesta, par ailleurs auteur d'une prestation remarquable dans son rôle d'aiguilleur, trouvait d'un centre millimétré son compère barcelonais au cœur de la surface. Piqué, critiqué par une partie de son pays après ses déclarations polémiques sur le Real Madrid, prolongeait enfin le ballon au fond des filets de Cech. De Gea restait vigilant sur une ultime tentative tchèque. Et le double champion en titre lançait sa quête d'un triplé historique de la meilleure des façons.
J.R.
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