France – Roumanie : 2 – 1
Buts : Giroud (57e) et Payet (89e) pour la France ; Stancu (65e) pour la Roumanie
Et soudain Payet surgit… Les Bleus peinaient. Butaient inlassablement sur le rideau défensif roumain. Semblaient même se résigner. Jusqu'à ce que le Londonien mette tout le monde d'accord. Ponctuant ainsi une prestation magistrale. D'une frappe à la pureté et précision diaboliques, il est allé décrocher la lucarne. Et un précieux succès. A lui tout seul. Car si le collectif de Didier Deschamps a longtemps balbutié, lui a rayonné d'un bout à l'autre. Alors quand il est sorti, une poignée de secondes seulement après son but, l'émotion était trop forte pour être contenue. Les yeux rougis, les larmes ruisselant sur son visage, il a savouré. On ne sait, à cet instant, ce qui a vraiment traversé son esprit. Mais le soulagement et la fierté trahissaient aussi les galères et moqueries passées. Payet a porté West Ham cette saison. Et visiblement, il a eu la bonne idée de prolonger cette grâce avec les Bleus.
Ses prestations lors des matchs amicaux de mars dernier avaient convaincu le sélectionneur de le convoquer parmi les 23 avant que celles face à l'Ecosse et le Cameroun lui garantissent une place de titulaire. Une confiance qu'il est donc allée chercher et qu'il n'a pas trahie en ouverture de l'Euro. Une rencontre qui a souvent échappée au pays hôte ces derniers années (seuls 2 nations organisatrices avaient remporté leur premier match sur les 8 dernières éditions). Longtemps, la France a semblé emprunter le même chemin. Trahis par la pression et l'émotion, certains, à l'instar du duo Griezmann et Pogba, sont apparus en difficulté face au pressing haut des hommes de Iordanescu. Hésitant à prendre des risques et à créer l'étincelle. Payet a, lui, pris ses responsabilité. Disponible et inspiré technique, il a été le facilitateur de jeu dont la France avait besoin. Dézonant, décrochant, il faisait la transition entre phases offensives et défensives.
Par deux fois, il servit dans des conditions parfaites Giroud et Griezmann. Mais ni le Gunner et ni le Madrilène, par maladresse, ne trouvaient le cadre. Le Colchonero ne se résignait pas. Mais sa tête s'échouait cette fois sur le poteau de Tatarusanu. A la pause, l'impression d'un déchet technique et d'une fragilité défensive prévalait néanmoins. Les Roumains s'étant créés, par l'intermédiaire de Stancu, la meilleure opportunité. L'avant-centre de la Tricolore manquant l'immanquable à bout portant à la suite d'un corner. La deuxième acte, un brin plus heurté et haché, ne modifiait pas sensiblement la physionomie de la rencontre. Les Bleus avaient toujours la maîtrise du ballon et s'en remettaient à Payet pour organiser les opérations. A la baguette, il créait étincelles et opportunités (pas moins de 8 au total). Sur l'une d'entre elles, il trouvait, après une feinte de frappe à casser les reins, Pogba à l'entrée de la surface. Sa volée était repoussée par un Tatarusanu tout heureux d'être sur la trajectoire.
Dans la foulée, un nouveau centre de Payet était prolongé au fond des filets par Giroud. L'attaquant d'Arsenal hésitait au moment de célébrer, conscient d'avoir quelque peu troublé la sortie du portier roumain. L'arbitre ne bronchait pas. Et la France exultait au 9e but en autant de rencontres de Giroud avec les Bleus. La joie était de bien courte durée. Une nouvelle fois dépassé dans ce match, Evra déséquilibrait dans la surface Stanciu. Stancu, qui avait manqué le cadre sur un ciseau peu de temps auparavant, trompait alors Lloris. Les entrées de Martial et Coman à la place de Griezmann et Pogba, discrets, entraînaient bien une révolution tactique. Mais le passage en 4-4-2 n'apportait pas la présence offensive escomptée. Moment choisi par Payet pour déchirer la nuit...
JULIEN ROUX
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