Pays de Galles – Belgique : 3 – 1
Buts : Williams (30e), Robson-Kanu (55e) et Vokes (85e) pour le Pays de Galles ; Nainggolan (13e) pour la Belgique
« On est une équipe de superstars. Notre équipe, c'est le Real Madrid de 2005 avec Beckham, Zidane etc. C'est largement comparable. » Non,Thomas Meunier, que les bruits envoient du côté du Paris Saint-Germain, ne venait pas de remporter de l'Euro. Ni même de se qualifier pour les demi-finales à vrai dire. Il venait, à l'inverse, d'être ridiculisé par un joueur laissé libre par un club de Championship… Il ne serait pas étonnant que les dirigeants parisiens aient depuis revu leur position. Si tel n'était pas le cas, alors nul doute que ces derniers se soient déjà mis en quête d'un conseiller en communication détaché à celle du latéral droit belge.
Sans pour autant d'être une totale exactitude, ses propos synthétisaient cependant assez bien l'état d'esprit qui animait les Diables Rouges avant leur quart de finale. A croire que la leçon infligée par l'Italie n'avait pas été retenue. Cette équipe n'en était toujours pas une. Et la collection de talents individuels qui la composaient plus qu'ils ne la formaient avait été atteint d'une même contagion : celle de la melonite aiguë. Privés de leur capitaine (Vincent Kompany), ils n'ont jamais suivi un destin commun donnant plus volontiers l'impression de parcourir leur propre intérêt. Comme pour mieux renégocier leur contrat à la hausse.
Eden Hazard dont la saison à Chelsea n'avait rien eu de flamboyant a bien par intermittence ouvert la voie à un semblant de cohésion collective. Mais son talent ne le dispute pas encore au charisme qu'il peut dégager. Longtemps fragilisé par un sélectionneur qui le nomma finalement capitaine, son discours n'a trouvé que très peu de relais. Si il s'est de nouveau montré décisif face au Pays de Galles en délivrant une passe décisive pour Nainggolan, il n'a pas su rassembler et prévenir les querelles intestines. Les critiques répétées de Thibaut Courtois à l'égard de Marc Wilmots et de sa tactique témoignent de ces crispations.
La jeunesse dorée belge ne s'est pas trouvée de cadres pour grandir. La faute en revient sûrement et en grande partie à son sélectionneur. Qui n'aura pas su faire preuve d'assez d'autorité pour définir un projet de jeu. L'animation offensive de son équipe pourtant gavée de talents même au fin fond du banc n'est jamais apparu complémentaire. De manière générale, son équilibre avait des faux-airs de pantin désarticulé alors qu'il a constamment été tiraillé entre deux options : celle d'évoluer avec 2 ou 3 milieux de terrain. Sur le plan défensif, les aléas ne l'ont pas aidé. Face à l'avalanche de blessures avant et durant la compétition, il n'a jamais pu aligner le quatuor titulaire.
La blessure de Vertonghen ainsi que la suspension de Vermaelen ont fini de fragiliser un secteur qui ne transpirait déjà pas l'assurance. Jordan Lukaku a traversé la rencontre tel un fantôme, se faisant constamment débordé. Ramsey*, plus inspiré que jamais, se délectait ainsi des espaces laissés entre le latéral gauche et la défense centrale pour s'infiltrer avant d'adresser un centre au coeur de la surface. Robson-Kanu se joua alors d'un Meunier au marquage suspect, d'un Denayer complètement perdu et d'un Fellaini étrangement passif. D'un pivot sur lui-même, il se retrouvait face à Courtois pour l'ajuster froidement d'un plat du pied imparable.
Les Gallois venaient de prendre l'avantage. Et cela reflétait plutôt bien la physionomie de la rencontre. Si la Belgique s'était de nouveau montrée dangereuse, après l'égalisation des partenaires d'un Bale au leadership impeccable, à l'instar notamment de Romelu Lukaku, elle ne rivalisait que très rarement sur le plan de l'envie et de la solidarité. Voir Ashley Williams, qui ne devait pas jouer en raison d'une blessure à l'épaule, venir inscrire le premier but des Dragons résumait parfaitement la force de caractère de ce groupe. Ce supplément d'âme qui aura finalement fait tant défaut aux Belges pour espérer atteindre le dernier carré. Le but de délivrance de Vokes rappelant une nouvelle fois le manque d'expérience et de maturité de certains de ses éléments. Qui ne partagent vraiment qu'une lointaine ressemblance avec les Galacticos. N'est-ce pas Thomas Meunier ?
JULIEN ROUX
* Le meilleur passeur de l'Euro sera suspendu pour la demi-finale
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