France – Suisse : 0 – 0 / Roumanie – Albanie : 0 – 1
But : Sadiku (42e)
Une pelouse qui n'en a que le nom. Des maillots qui se déchirent en morceaux. Un ballon qui explose. Bienvenue au challenge du commisse agricole. Autrement dit l'Euro… Les annonceurs ont dû apprécié. Le sentiment de honte parcourant l'UEFA et les jardiniers français les avait rapidement contraint à l'annonce de l'enracinement d'un nouveau terrain made in Pays-Bas. Le département marketing de Puma avait été promptement forcé de travailler son élasticité après que Shaqiri eut publiquement exprimé sa crainte de voir la marque fabriquer des préservatifs. Visiblement, Beau jeu, la gonfle officielle d'Adidas, n'avait, elle aussi, guère apprécié de se faire maltraiter et avait décidé de se retirer sur un pschitt.
Franchement, on la comprend. Car, une fois encore, la France de Deschamps a été laborieuse. Souvent. Approximative, tout le temps. Absente aussi quelque fois. Surtout lors d'un deuxième acte où elle a laissé la possession à la Nati. Se contentant de tuer le temps. Pas vraiment rassurant avant d'aborder la phase à élimination directe. Sans doute, le sélectionneur dira que les motifs de satisfaction sont nombreux, que les Bleus ont passé le premier temps sans encombre, que les autres favoris ont également connu des difficultés. Bien sûr, l'équipe de France a terminé invaincu. Bien sûr, elle s'est rassurée sur le plan défensif (ce n'était pas difficile…). Bien sûr, elle s'offre un huitième de finale face à un troisième de groupe.
Mais, cela ne doit pas masquer les nombreuses interrogations que les trois premiers matchs ont soulevé. Et ne pas faire oublier que la France n'a jamais battu que la Roumanie et l'Albanie à la 89e minute par deux fois. Sa prestation face à la Suisse n'a fait que renforcer l'idée qu'elle ne sait toujours pas quelle est son onze de départ. Et qu'elle semble disposer de trop de talents offensivement pour trouver une idée commune de plan de jeu. Griezmann a vu son titulaire remis en cause. Et Pogba souffre clairement d'un positionnement différent de celui qui est le sien à la Juventus. Le voir se projeter vers l'avant avec gourmandise face à la Suisse ne fut donc pas une grande surprise.
Critiqué jusque-là en raison de son apport jugé trop insuffisant, il a apporté une première forme de réponse. Dans un rôle de relayeur au sein d'un milieu à trois duquel il est la pointe gauche, son rayonnement et sa zone d'action s'élargissent. Pas étonnant alors que de ses raids aient finalement échoué sur la barre de Sommer avant que le gardien de la Nati ne se détende sur sa droite pour détourner une demi-volée qui prenait le chemin de son petit filet. Pogba avait illuminé de trois fulgurances la première mi-temps. Malheureusement, il se montrait bien plus discret au retour des vestiaires. Et les Bleus ressemblaient à un désert, se confondant presque avec la terre qui jaillissait de l'herbe à chacun des appuis des acteurs.
Alors les raisons de s'enthousiasmer se sont effilés frôlant rapidement le néant. Deschamps, face à un public grognard, s'est bien décidé à lancer Payet se disant probablement que seul un marcheur sur l'eau pouvait s’accommoder de cette surface. Il s'en est fallu de quelques centimètres pour que le Réunionnais lui donne raison. A la conclusion d'une percée aussi improbable que dantesque de Sissoko, son plat du pied fracassait la barre suisse. Le reste se passait de commentaire. Il n'était que calvaire.
J.R.
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