Croatie – Espagne : 2 – 1 / République Tchèque – Turquie : 0 – 2
Buts : Kalinic (45e) et Perisic (87e) pour la Croatie ; Morata (7e) pour l'Espagne
Buts : Burak Yilmaz (10e) et Ozan Tufan (65e)
Et si la Roja s'embarquait dans un remake de la finale de la précédente édition ? La perspective n'enchantait guère Espagnols et Croates. Mais la certitude d'affronter l'Italie en huitièmes de finale était bel et bien réelle. Elle possédait d'ailleurs une épaisseur certaine pour la Croatie qui, après avoir galvaudé une avantage de deux buts face à la République tchèque, n'avait d'autre option que de l'emporter face à l'Espagne. Un sacré défi alors qu'elle ne s'était plus inclinée en phase finale d'un Euro depuis 15 rencontres, et un match face au Portugal en 2004.
Au coup d'envoi, on se demandait même si Ante Cacic ne se projetait déjà pas sur une confrontation face à la Squadra Azzurra. Le sélectionneur croate effectuait pas moins de cinq changements, et se privait volontairement de Modric et Mandzukic. Son homologue espagnol, Vincente Del Bosque, n'avait visiblement aucune envie de rencontrer Antonio Conte au tour suivant, et présentait son équipe type. Ses hommes ne tardaient pas à afficher leur emprise sur les débats. Disponibles, créatifs et tranchants, ils imposaient dès les premières minutes un rythme soutenu. Ne se contentant pas de fatiguer leur adversaire par une possession d'usure.
Silva était ainsi trouvé sur son côté droit. Il repiquait dans l'axe pour mieux servir en profondeur Fabregas d'une passe verticale dévastatrice. L'appel du milieu de terrain de Chelsea l'était tout autant. Libéré de tout marquage, il se présentait alors face à Subasic qu'il éliminait d'une pichenette bien sentie. Sous la pression de Srna, Morata ne tremblait pas et profitait de l'offrande. On ne jouait que depuis 7 minutes, et on se disait que de suspense il n'y avait point eu. Et que les supporters croates allaient rapidement se distinguer….
C'était un peu vite oublier la profondeur du banc croate. Mais aussi et surtout une certaine forme de décontraction de l'Espagne. Symbolisée par cette passe en retrait mal ajustée de Piqué pour son gardien. Sous la pression d'un Kalinic, visiblement décidé à instiguer le doute dans l'esprit de son coach, il tergiversait et se faisait chiper la balle. Elle héritait à Rakitic. Le temps se suspendait. Le Barcelonais d'un lob en première intention à l'entrée de la surface faisait passer un terrible frisson à son coéquipier Piqué revenu d'un sprint désespéré sur sa ligne. Le trajectoire magnifique de son piqué terminait sur la barre avant de ricocher sur le poteau et de finalement rebondir dans les bras d'un De Gea bien heureux sur ce coup.
Cela donnait des idées à des Croates pas vraiment résignés. Srna et Perisic combinaient à l'envi sur l'aile gauche. La Roja était bancale. L'ailier de Wolfsburg, toute en percussion, travaillait une nouvelle fois Juanfran avant d'adresser un centre a priori anodin. L'axe central Piqué – Sergio Ramos lui donnait un tout autre futur. Passif et dans la réaction, le capitaine espagnol était devancé au premier poteau par Kalinic qui concluait magnifiquement. Il mettait ainsi fin à l'invincibilité de la Roja qui courait depuis 735 minutes à l'Euro… A quelques secondes de la mi-temps, le coup était parfait. Le deuxième acte le magnifiait.
Face à des Espagnols, pourtant précis et guidés par Iniesta, les Croates constituaient une menace constante sans concéder néanmoins une ribambelle d'occasions. Sur l'une d'entre elles, le chef d'orchestre espagnol, trouvait Silva dans l'espace d'une énième géniale inspiration. Bousculé après une charge dans le dos, il s'écroulait. L'arbitre désignait le point de pénalty. De manière improbable, Sergio Ramos s'en chargeait. Modric, depuis son banc, s'empressa de transmettre un message à son capitaine qui le relaya à Subasic.
Visiblement, le tuyau n'était pas pourri. Le portier monégasque anticipait largement pour repousser sans difficulté la tentative du Madrilène. Ce dernier allait grandement le regretter. Sur une nouvelle projection rapide vers l'avant, Perisic déboulait dans son couloir gauche. D'une frappe sèche, il surprit un De Gea guère inspiré. La solidarité croate fit alors le reste quand Silva fut tout près de remettre les deux formations à égalité au bout du temps additionnel. Le tenant du titre affrontera bien l'Italie en huitièmes. On ne pas dit non...
J.R.
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