Hongrie – Portugal : 3 – 3 / Islande – Autriche : 2 - 1
Buts : Gera (19e) et Dzsudzsak (47e, 55e) pour la Hongrie ; Nani (42e) et Cristiano Ronaldo (50e, 62e)
Buts : Bodvarsson (18e) et Trautason (90e+4) pour l'Islande ; Schöpf (60e) pour l'Autriche
Cristiano Ronaldo n’avait pas exactement imaginé les contours de son début d’Euro aussi sombres et incertains. L’enfant de Madère ne s’était toujours pas montré décisif après deux rencontres, et son pays semblait plus proche d’un retour à la maison précoce que d’une aventure collective à succès. Des traits, comme des coups de crayon façon ratures d'écolier transis, gribouillés à la hâte qui ne dessinaient que vaguement l'univers du Madrilène, lui qui venait de se parer d'une nouvelle Ligue des Champions. Ces 180 minutes rappelaient que prolonger ses conquêtes en sélection lui était encore un monde à parcourir.
Mais à voir la distance qui l'en séparait, la promesse se nommait chimère. Lui-même paraissait assez loin de ses standards. Ses très nombreuses tentatives (20 au total) n'avaient toujours pas fait trembler les filets. Les poteaux plus sûrement. A l'instar de ce pénalty face à l'Autriche condamnant presque son équipe à l'emporter lors de son dernier match pour s'assurer une place en huitièmes. L'affaire s'embarqua bien mal quand Gera, positionné à l'entrée de la surface, héritait d'un renvoi mal maîtrisé de la Seleçao. A la retombée de cette tête hasardeuse de Nani, le vétéran hongrois (37 ans) enchaînait contrôle de la poitrine et demi-volée du gauche. Imparable.
Les têtes, hagards, des Portugais disait tout de leur désenchantement. Et de l'urgence de la situation. Sans réaction de leur part, ils ne sortiraient pas de leur poule. Pour une nation qui n'avait jamais été éliminé avant d'atteindre les quarts en six participations, la simple perspective d'un tel scénario faisait quelque peu désordre. Elle n'enchantait pas vraiment son capitaine. Qui redoublait d'efforts pour se rendre disponible et organiser le jeu d'une position plus reculée. Une façon également de se sortir du pressing incessant exercé par la Hongrie. Et de se projeter collectivement vers l'avant pour déstabiliser un bloc obstinément compact.
Moment choisi par Ronaldo pour enfin se montrer décisif. D'une passe laser, il trouvait Nani dans l'intervalle. Lancé en profondeur, il prenait le dessus sur son vis-à-vis à la course avant d'ajuster Kiraly au premier poteau en déclenchant une frappe aussi soudaine que sèche. L'espoir d'un succès qui lui ouvrirait les portes des huitièmes prenait de l'épaisseur. Le capitaine hongrois, Dzsudzsak, prenait un malin plaisir à le doucher dès le retour des vestiaires. Un coup franc légèrement sur la droite. Une trajectoire assassine après avoir percuté un mur qui se désagrégeait. Un gardien pris à contre-pied. Et voilà, le Portugal de nouveau éliminé.
Sa réaction ne se fit pas attendre alors que la rencontre prenait une dimension nouvelle. Et une intensité jamais encore atteinte dans cet Euro. Un une-deux bien senti entre Nani et Joao Mario déséquilibra la défense adverse. Le dernier nommé adressa un centre brossé que Ronaldo magnifiait d'une madjer venu d'ailleurs. La dramaturgie de l'instant grimpa encore de quelques degrés. L'atmosphère devenait carrément irrespirable quand Dzsudzsak récupéra son propre coup-franc repoussait par un mur cette fois plus compact. Pas attaqué, il repiqua dans la surface avant de décocher une frappe hors de portée de Rui Patricio après avoir ricoché sur le pied tendu de Nani.
La colère monstrueuse de Ronaldo laissait entrevoir la suite. Nullement résigné, le Madrilène n'avait aucune intention de s'arrêter-là. Sa rage le propulsa au-dessus de la défense hongroise pour catapulter un corner rapidement joué à deux. On se rendait coup pour coup. Les espaces étaient légions. Les organisations oubliées. Sur une nouvelle attaque rapide, Szalai, déjà buteur dans cet Euro, reprenait instinctivement un centre venu de la gauche. Sa reprise heurta le poteau d'un gardien portugais pourtant battu.
Ronaldo répondait encore et toujours en plaçant une reprise acrobatique de peu au-dessus. Mais conscients qu'un résultat nul leur suffisait, les Portugais ont alors cherché à préserver le résultat plutôt qu'à s'entêter à se découvrir pour forcer la décision. Ils se qualifiaient finalement sans avoir gagné le moindre match. Au contraire d'une Islande arrachant la première place au bout du temps additionnel en venant à bout d'une Autriche qui aura constamment déçu et traversé cet Euro sans éclat.
J.R.
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