Italie – Suède : 1 – 0
But : Eder (88e)
Nos yeux piquaient. On se demandait bien quel mécanisme les maintenaient encore ouverts. Même rougis, ils parvenaient encore à distinguer l'impressionnante Yellow Army suédoise. La grande carcasse d'Ibra avait, elle, disparu il y a bien longtemps. Le réalisateur, aussi, cherchait à tuer le temps. Se lançant à la recherche désespérée de belles bondes venues du Nord. Les tâches bleues dispersées ça et là n'étaient que le reflet de l'organisation sans imagination de la Squadra Azzurra. L'ennui se disputait alors avec l'impatience de voir se calvaire prendre fin.
Et puis, Eder surgit. De nulle part ou presque. Une touche anodine de Chiellini à la hauteur de la ligne médiane. Une remise astucieuse de Zaza. Un placement défensif suspect. Et une chevauchée de l'attaquant de l'Inter. Au milieu de trois suédois, il plaçait le ballon hors de portée d'Isaksson. On jouait la 88e minute et l'Italie validait son ticket pour les huitièmes. Notre regard se faisait d'un coup d'un seul plus vif. Presque perçant. Il trahissait même le soulagement d'avoir enfin vu un tir cadré au cours de cette insipide deuxième période. Il aurait dû quand même s'en douter. Depuis le début de l'Euro, plus de buts avaient été inscrits dans les cinq derniers buts qu'en première mi-temps (11 contre 10).
Notre esprit, un brin taquin, s'amusait même de la sempiternelle polémique sur la présence d'Orundi en sélection de l'autre côté des Alpes. A l'instar de Camonaresi à l'époque, on doute qu'Eder, né au Brésil, ne suscite désormais trop de rancœur chez les tifosi. Sans doute se montraient-ils un peu plus dubitatifs et circonspects à l'égard de la prestation d'Antonio Conte. Si l'Italie avait livré une performance remarquable de cohérence et de maturité collective face à la Belgique, elle confirmait ses difficultés à imposer un rythme soutenu face à une formation regroupée. Une tête de Parolo sur la barre sur une merveille de centre de Giaccherini l'avait sortie de sa torpeur. Pour une poignée de secondes seulement...
Bien sûr, elle pouvait, une fois encore, se féliciter de sa solidité défensive. Jamais, le trio Bonucci-Chiellini-Barzagli n'avait été menacé. Et Buffon avait passé un après-midi à s'ennuyer ferme. Le souvenir du but magique que Zlatan lui avait inscrit à l'Euro 2004 l'avait pourtant maintenu en éveil. Lui mieux qu'un autre (ils ont joué ensemble à la Juve, Ibra a passé 7 ans en Serie A) connaissait en effet sa capacité à créer un moment de magie, un exploit à tout moment. Il ne le savait pas encore mais il ne viendrait jamais. Même Ibra commençait sérieusement à en douter. Son implication déclinait à mesure que le temps s'écoulait. La présence de Guidetti à ses côtés ne changeait rien à l'animation offensive de la Suède. Elle était toujours aussi inexistante.
Ibrahimovic était même tout surpris de se retrouver seul à moins des 5 mètres sur un centre quand un centre d'Olsson traversait toute la surface. Au deuxième poteau, il manquait l'immanquable. Sa tête posait contre le montant, il jetait un bref regard à l'assistant qui avait levé son drapeau. Sa position illicite lavait quelque peu son embarras. Mais son loupé en disait long sur l'incapacité de la Suède à créer le danger. Elle devenait ainsi la première équipe depuis l'Euro 1980 à n'avoir cadré aucune frappe lors de ses deux premières rencontres en phase de groupe. Pour espérer mieux face à la Belgique, il leur faudra au minimum régler la mire...
J.R.
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