Le Pays de Galles a mis fin à une attente de 57 ans en se qualifiant pour la phase finale d'un tournoi majeur pour la première fois. A n’en pas douter, Ryan Giggs a contemplé cela avec autant de frustration que de fierté. Lui qui des années durant avait porté sa sélection avant de systématiquement voir la porte d’un Euro ou d’un Mondial lui claquer au nez. Il ne cessa néanmoins de se consoler en prolongeant le plaisir à n’en plus finir avec son club de toujours, Man United. Longévité qu’il expliqua souvent par les bienfaits d’un été passé à se reposer pleinement.

Gareth Bale, son alter égo du temps présent, ne pourra pas en dire autant. Pas sûr que le joueur le plus cher au monde ne s’en plaigne cependant. A voir son activité et son aptitude à se montrer décisif lors de ses éliminatoires, on pourrait même l’assurer. Chris Coleman, son sélectionneur, ne s’y est d’ailleurs pas trompé. En privilégiant une organisation en 3-5-2, il a envoyé un message clair à sa star. Pour triompher, le collectif gallois doit être magnifié par le talent de l’attaquant du Real Madrid. Visiblement, Bale l’a bien compris.

Avec sept buts sur les onze inscrits par son équipe en qualifications, il a justifié tous les espoirs placés en lui ainsi que le schéma tactique prôné par son sélectionneur. Sa prestation haut de gamme en Bruxelles pour donner la victoire aux siens face aux Diables Rouges avait donné le ton de la campagne qualificative au sein d’un groupe qui comptait également la Bosnie (seule équipe qui est parvenue à faire chuter le Pays de Galle). Guère entreprenante offensivement (11 buts en 10 matchs), elle a été un bloc défensif à manier autour de la présence rassurante d’Ashley Williams.

Capitaine, le roc de Swansea a été le symbole d’une défense à trois à la solidité jamais ou presque mise à défaut. Avec seulement quatre buts encaissés, elle a apporté une garantie essentielle dans la conquête de la seconde place de son groupe. Une façon aussi d’éviter d’emprunter le raccourci, trop souvent entendu, d’une « one-man team ». Non le Pays de Galle ne se résume pas à Bale. Oui, le 3-5-2 magnifie ses qualités en lui donnant une liberté totale. Mais elles ne sauraient pleinement s’exprimer sans un collectif cohérent et capable de le soutenir.

En d’autres termes, il ne saurait faire la différence dans la surface adverse, si les hommes qui l’entourent ne le déchargeaient pas des tâches défensives et ne l’alimentaient pas en ballons exploitables. Le lieutenant en chef s’appelle ainsi Aaron Ramsey. Le milieu de terrain d’Arsenal a ainsi pris la bonne habitude de rayonner dans l’entrejeu. Quand ses pépins physiques le laissent tranquille, sa qualité technique et de passe ainsi que sa vision du jeu apportent un équilibre essentiel à l’organisation en même temps qu’elle lui donne une démarche commune. Pourtant sans le travail obscur et sans relâche de harcèlement à la récupération de Joe Allen et Hal Robson-Kanu, le Pays de Galles ne pourrait rivaliser. Preuve que la génération dorée du foot gallois est bel et bien une génération. Ryan Giggs aimerait sans doute le martelait à l’issue de la phase de poules.


JULIEN ROUX

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