Si la Pologne s’est qualifiée pour la troisième fois consécutive à la phase finale d’un Euro, elle le doit principalement à deux éléments : la nomination d’Adam Nawalka et l’efficacité insolente du duo Lewandowski - Milik. Il va s’en dire que ces deux facteurs sont étroitement liés. On pourrait presque dire que l’un ne va pas sans l’autre. Flash-back. Deux ans en arrière, les Polonais ne sont pas du voyage au Brésil. Et pour cause, leur campagne qualificative a frôlé le néant. Avec seulement trois victoires, dont deux face à Malte, ils n’ont jamais été dans la course pour le Mondial. Finissant très loin de l’Angleterre et de l’Ukraine, ils n’ont pas convaincu. Loin de là.

Le sort de Waldermar Fornalik à la tête de la sélection était scellé. Nawalka était appelé par le génial et désormais président de la Fédération Zbigniew Boniek à prendre sa succession. Sur les ruines de ce désastreux parcours, la Pologne allait pourtant se construire un avenir plus souriant. En chef de chantier désigné, Nawalka faisait un état des lieux de la situation. Pour lui, cela ne faisait pas de doute. Les Aigles ne trouveraient leur salut que dans un changement radical de système. L’idée directrice était simple : trouver la formule idoine pour que les joueurs à sa disposition puissent s’exprimer pleinement.

Le mot d'ordre n’est pas franchement révolutionnaire. Plutôt simpliste même. De fait s’appuyer sur les qualités de ses joueurs plutôt que leurs défauts pour en tirer le meilleur semble imprégné de tant de bon sens que suivre la voie contraire aurait des allures suicidaires. Pourtant les exemples de hara kiri ne manquent pas. Avec Nawalka, la Pologne évoluerait donc désormais en un très classique mais de moins en moins commun 4-4-2. La transition se révélait pourtant délicate. Pour ses débuts sur le banc polonais, il essuyait une défaite face à la Slovaquie en amical. Guère prometteur.

Fidèle à ses principes, il se refusait à changer sa philosophie à la première incartade. Droit dans ses convictions, il martelait le même discours. En substance, la Pologne serait une formation rigoureuse et dotée d’une puissance offensive de feu toute dévouée à son capitaine Robert Lewandowksi. La suite allait lui donner raison. En effet, aucun autre joueur n'a marqué plus que le Munichois durant les qualifications. Avec 13 buts, il en a même profité pour égaler le record établi par le nord-irlandais David Healy lors des éliminatoires pour l’Euro 2008.

Mais plus que son efficacité, c’est sa propension à décrocher pour peser sur l’organisation du jeu et à mobiliser la défense adverse qui ont séduit. Et justifié le recours à deux pointes. Car voilà, son acolyte Arkadiusz Milik n’a pas été en reste. Impliqué dans douze réalisations (6 buts, 6 passes décisives), l’attaquant de l’Ajax Amsterdam a profité à plein des espaces créés par Lewandowski pour faire parler sa vitesse et sa surpuissante patte gauche. Résultat, la sélection polonaise a terminé meilleure attaque de ses éliminatoires (33 buts) et à seulement un point de l’Allemagne qu’elle a même battue à domicile. Toutefois son assise défensive reste fragile, la faute à des couloirs parfois désertés. Cela pourrait lui être rédhibitoire.

JULIEN ROUX

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