Portugal – Autriche : 0 – 0


Cela devait être son match. Une nouvelle occasion de se couronner. De se prouver que rien ni personne n’étaient l’équivalent de sa grandeur. Cristiano Ronaldo devenait le joueur le plus capé de l’histoire de la sélection portugaise (128 au total). Effaçant dans le même élan le symbole des élégances lusitaniennes de la précédente décennie, Luis Figo. Mais comme son devancier, il était dit que son règne au sein de la Seleçao connaîtrait plus de bas que de hauts. Plus de déceptions que de joies collectives. Face à l’Autriche, Ronaldo et ses compatriotes ont tout tenté. Ou presque. En vain.

A l’instar de leur prestation face à l’Islande quelques jours auparavant, ils ont manqué de réalisme, de précision et de conviction dans le dernier geste pour s’imposer. Pis, leur capitaine a, lui-même, paru un brin emprunté face au but. S'agaçant à plusieurs reprises des choix de ses partenaires. Des colères, aussi chaudes que brèves, qui trahissaient autant de frustration que d'incompréhension devant ses propres maladresses. Ainsi que des moments de solitude. Notamment lorsque sa frappe sur un pénalty qu'il avait obtenu venait se fracasser sur le poteau autrichien.

Ironie de l’histoire, il devenait alors le premier portugais à rater un pénalty lors d’une grande compétition internationale. Robert Almer, pourtant pris à contre-pied, avait clairement pris l’ascendant. Sans doute, Ronaldo le savait mieux quiconque. Bien que tapie derrière ses deux mains, sa déception envahissait son visage. Il restait un petit quart d'heure à jouer, et le Madrilène baissait la tête. Comme si son éternelle confiance en soi venait de s'échapper. Il se refusait pourtant à renoncer.

Quelques instants plus tard, il se défaisait du marquage autrichien pour couper la trajectoire d'un coup franc délicieusement enveloppé par Guerreiro. Libre de tout marquage, il plaçait le ballon hors de portée d'Almer. Les filets tremblés et le drapeau de l'assistant s'agitait. Les deux mètres qui le séparaient de son garde du corps paraissaient suspects. Le révélateur le confirmait. Et stoppait net Ronaldo dans sa célébration. Son sourire n'était que de façade. Et disait beaucoup de ses craintes.

Le futur du Portugal à l’Euro allait se jouer face à la Hongrie lors de la dernière journée. Les opportunités n’avaient pourtant pas manqué en première mi-temps également. Nani avait ainsi touché du bois quand il décroisait sa tête sur un ballon venu de la gauche. Et Ronaldo avait manqué de peu le cadre à la sortie d’un mouvement collectif rapide initié une fois encore par Guerreiro.

Les Autrichiens, à l’instar de leur prestation face aux Magyars, décevaient à nouveau. Et se montraient bien incapables de maintenait en vie le projet 12 incarné par Alaba. Positionné au cœur du jeu, la latéral gauche du Bayern Munich ne parvenait pas à endosser son rôle de rampe de lancement et d’aiguilleur. La jeunesse autrichienne, si prometteuse lors des éliminatoires, était comme pétrifiée. Elle préservait sa cage inviolée, une première au cours de ses 14 précédentes rencontres en phase finale d’un tournoi majeur. Insuffisant toutefois pour espérer.


J.R.


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