République Tchèque – Croatie : 2 – 2
Buts : Skoda (75e) et Necid (s.p. 90e+3) pour la République Tchèque ; Perisic (37e) et Rakitic (59e)
« Nous allons voir si nous pouvons jouer contre l'Espagne, questionnait Ivan Rakitic après la rencontre. Mais après ce qu'il s'est passé, je crains que nous devions rentrer à la maison. Si nous avons joué à huis-clos lors des éliminatoires, cela n'était pas un hasard. » Son sélectionneur se refusait à parler de l'avenir immédiat préférant évoquer le long terme « Nous sommes tous à blâmer dans cette histoire, disait simplement Ante Cacic. Il ne faut pas se réfugier derrière notre petit doigt. Mais, au contraire, affronter ce problème. » Mais de quel problème parle-t-il exactement ? Et que s'est-il précisément passé à Geoffroy-Guichard ?
Car il ne faut pas s'y tromper, les autorités étaient tout à fait conscientes du danger que pouvaient représenter certains groupes ultras croates. Guère étonnant alors de voir se mettre une formation, à quelques minutes du coup de sifflet final, une ligne fournie de CRS devant le Kop Nord réservé aux fans à damier. Il est vrai qu'ils avaient déjà fait parler d'eux au Parc des Princes après avoir allumé quelques fumigènes et lorsqu'un des leurs était allé fêter l'ouverture du score dans les bras de Modric. Pas de quoi cependant éveiller l'attention du grand public. C'était un peu vite oublier un passif pas lointain. A la veille de disputer un match capital pour la qualification face à l'Italie, une croix gammée avait été ainsi dessinée sur la pelouse. La Croatie se voyait retirer un point et devait jouer son prochain match à domicile sans supporters.
A Sainté, certains d'entre eux avaient déjà fait le voyage à plusieurs reprises. Le groupe ultra le plus puissant du pays (Torcida de Split) ayant noué une amitié avec les Magic Fans. Ils avaient donc une idée précise de la configuration du Chaudron et de la façon de l'embraser. Au sens premier du terme. On jouait alors les cinq dernières minutes du temps réglementaire, la Croatie menait au score quand de nombreux engins pyrotechniques s'abattaient sur la pelouse, non loin de la cage de Petr Cech. Le soulèvement n'avait rien d'une manifestation de colère spontanée. Non, il avait été fomenté. Et parfaitement mis en œuvre. S'en suit alors un moment de confusion alors que certains joueurs croates demandaient à leurs supporters de retrouver un certain calme.
Des pétards étaient alors lancés, l'un d'eux manquant de blesser sérieusement l'un des stadiers venus faire le ménage. En tribunes, les supporters croates s'échangeaient des amabilités pendant quelques minutes. Plus que les coups, ils s'opposaient sur la politique conduite par la fédération de football croate. Les « pertubateurs » accusant de longue date Zdravko Mamic (vice-président) et Damir Vrbanovic (directeur exécutif) d'enrichissement personnel et de corruption à grande échelle. Placés en garde à vue, ils s'étaient alors vu retirer leurs responsabilités au Dynamo Zagreb, pas à la fédération. Ce ne fut pas au goût de tous. Certains n'hésitant désormais plus à mener des opérations de sabotage à l'encontre de l'équipe nationale. Celle menée à Saint-Etienne avait rencontré un certain succès. La République tchèque égalisant au cours du temps additionnel. Une issue bien improbable après que Rakitic avait inscrit d'une magnifique piqué le but du break.
J.R.
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