Evoquer les Tchèques, c'est un peu comme parler d'un bon pote. Jamais vraiment dans la lumière mais toujours présent dans les moments qui comptent. Une fidélité que les années n'érodent pas. Qui se renforce même à mesure que le temps passe. Rien d'étonnant alors à la voir en France. Pour la sixième fois consécutive, la République Tchèque participe donc à la phase finale d'un Euro. Une longévité remarquable à ce niveau. D'autant qu'il n'est pas rare de recenser les prétendus nations majeures manquant à l'appel du mois de juin (lors de cette édition à nouveau avec les Pays-Bas).
Pourtant, cette constance n'a pas fait de lui un adversaire redouté. Ces dernières performances sur le sol continental ont cependant renfermé quelques trésors (une finale en 1996, une demi-finale en 2004 et un quart en 2012). On finirait presque par se demander si ce costume d'équipe dont personne ne parle et qui ne suscite pas vraiment la crainte lui va comme un gant. C'est que la formation cornaquée par Pavel Vrba ne recèle en ses rangs aucune star à la renommé internationale. Ou presque. Seuls les Gunners, Petr Cech et Tomas Rocisky, peuvent se prévaloir de références au très haut niveau.
Mais leur caractère vieillissant n'apporte que peu de garanties sur leur capacité à faire la différence au terme d'une saison éprouvante. Pour preuve, le gardien au casque n'a pas réussi le moindre clean sheet en éliminatoires. Une incongruité pour un portier habitué à se montrer décisif. Plus que sa responsabilité, c'est bien celle plus collective qu'il faut ici souligner. Le sélectionneur tchèque ne s'en cache pas. Cette fragilité défensive, si elle n'est ni recherchée ni voulue, n'est que le pendant d'un projet de jeu résolument tourné vers l'offensive.
Une philosophie que Vrba a largement expérimenté et amendé lors de son passage à Zilina, formation avec laquelle il remporta notamment le championnat de Slovaquie en 2007. Un style qui a séduit la fédération tchèque et qui n'a pas hésité à payer le montant de sa clause libératoire (300 000€) pour l'asseoir sur le banc national en 2013. Le technicien était, à vrai dire, l'attraction du moment. Son équipe du Viktoria Plzen ne faisait pas seulement que gagner après une disette de presque cent ans, elle séduisait également. Plus que les 2 titres de champion et les parcours chevaleresques en Ligue Europa, ce sont bien ses quatre trophées consécutifs de manager de l'année qui traduisent le magnétisme que sa personne suscitait alors.
L'électricité n'a pas baissé d'intensité depuis. Son caractère jovial combiné à une vision romantique du football fait de joie et de spectacle suscitent une sympathie auprès du grand public. Qui apprécie, aussi et surtout, de voir cette bonhomie, encadré par la sagesse de Karel Burckner (toujours dans le staff à 77 ans), se prolonger sur le terrain. Sans trembler, la République Tchèque a ainsi bouclé sa campagne qualificative en finissant en tête de son groupe en devançant de deux points l'Islande. La victoire arrachée dans le temps additionnel face aux Pays-Bas sur un but de Vaclav Piler l'avait parfaitement lancé dans sa conquête.
Elle l’a parachevée en remportant six autres succès. En s'appuyant notamment sur sa capacité à créer des différences sur les côtés par l'intermédiaire du milieu de terrain du Slavia Prague, Borel Dockal (auteur de quatre buts) et du latéral droit d'Hoffenheim, Pavel Karderabek. Faute d'un avant-centre de grand talent (David Lafata n'a inscrit qu'un but malgré ses sept titularisations), ce groupe qui manque également d'une aventure commune pourrait néanmoins donner un peu plus d'épaisseur à sa réputation.
JULIEN ROUX
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