Sur la pelouse détrempée d’Augsbourg, la Slovaquie vient de faire chuter le champion du Monde en titre. Bien sûr, la Mannschaft présentait un visage remanié et le contexte d’une rencontre amicale, qui plus est avant une compétition officielle, n’appelle à aucun jugement définitif. Il n’empêche. Cette victoire, acquise après avoir concédé l’ouverture du score, livre nombre d’enseignements sur les progrès effectués par cette formation slovaque. Et rappelle que sa présence à l’Euro n’est que le prolongement attendu d’une progression constante au cours de la dernière décennie.

Présente à la Coupe du Monde 2010, elle avait créé la sensation en s’imposant lors de l’ultime journée de la phase de poule en s’imposant face à la Squadra Azzurra (3-2) afin de se hisser en huitièmes. De cette équipe, il ne reste pourtant plus que deux éléments : le capitaine et défenseur de Liverpool Martin Skrtel et son fidèle lieutenant Marek Hamsik. Ils incarnent la continuité de ces deux générations mieux que quiconque. Leur charisme et leur capacité à rassembler sont ainsi l’assurance de la formation d’un groupe uni qui ne craint par les confits internes.

Leur aura est tel que le message de Jan Kozak n’a aucun besoin d’être répété à l’envi, il trouve ses relais en leur personne. Sur et en dehors du terrain, leur leadership s’exerce avec une constance rare. C’est d’ailleurs Hamsik, qui d’une sublime frappe des 25 mètres sous la barre, a permis à la Slovaquie de revenir à la hauteur de l’Allemagne. Dans son sillage, ses coéquipiers ont suivi la marche à suivre en claquant à deux autres reprises. L’efficacité du maestro napolitain n’est pas nouvelle. Durant les éliminatoires, il n’a pas seulement été le meilleur buteur de sa sélection avec cinq réalisations, il a, depuis sa position de numéro 10 reculé, organisé le jeu, imprimé le tempo à la récupération et favorisé l’émergence de nouveaux talents.

A l’instar de l’ailier Vladimir Weiss. Depuis son aile, le joueur passé par Manchester City a fait parler sa vitesse et sa justesse dans les transmissions pour adresser pas moins de six passes décisives. A l’opposé, son pendant, Robert Mak, s’est, lui aussi, révélé en représentant une menace constante. Une activité guère visible dans les chiffres cependant. La faute à une présence guère productive dans la surface. Le faible poids offensif se traduit par les statistiques faméliques d’Adam Nemc qui avait pourtant débuté la campagne qualificative dans la peau de l’avant-centre titulaire.

Guère convaincant et bien souvent incapable de concrétiser ses opportunités (seulement trois buts), il a contraint Jan Kosak à sortir de sa retraite Robert Vittek. Qu’on se le dire voir l’ancien lillois couvrir le front de l’attaque à 34 ans n’est pas vraiment rassurant. Le succès surprise sur l’Espagne lors des qualifications l’est un peu plus. Une victoire 2-1 qui est venu confirmer celle obtenue en Ukraine en ouverture. Si la suite n’a pas toujours affiché un visage aussi reluisant, à l’image de cette défaite face à la Biélorussie à domicile, elle a été suffisamment productive bien que minimaliste dans sa philosophie pour assurer la première participation de la Slovaquie à un Euro. Et c’est bien là, l’essentiel.

JULIEN ROUX

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