Le Parcours :

A l'issue d'un mondial brésilien oscillant entre le terne et le quelconque – d'aucuns diront qu'il a été à l'image de ce pays -, la fédération helvétique a décidé de se réinventer afin de réveiller une Nati un brin léthargique. Exit donc Ottmar Hitzfeld. Et Welcome Vladimir Petkovic. Deux hommes au caractère et parcours bien différents. Comme pour mieux symboliser cette ère nouvelle tant désirée. Mais à trop vouloir tourner subitement la page, on oublie parfois de s'écrire une phase de transition nécessaire.

Cela pourrait bien expliquer les hoquets et autres soubresauts connus par la Suisse durant ses éliminatoires. Petkovic, à l'instar de son équipe, a tâtonné, ne sachant pas vraiment quel schéma convenait le mieux aux éléments qu'il avait à sa disposition. Le sélectionneur helvète, bien qu'animé par la volonté louable de voir ses joueurs se projeter rapidement vers l'avant, essaya ainsi pas moins de trois schémas différents (4-3-3, 4-2-3-1, 4-3-2-1) peu après sa nomination. Les Suisses ont donc quelque peu joué à se faire peur en débutant par deux défaites en autant de rencontres (face à l'Angleterre puis en Slovénie).

Il en fallait plus cependant pour troubler le calme du lac Léman. Sans éclats de voix ni fracas dans les médias, ils se sont remis à l'endroit pour enchaîner une série de cinq succès de rang. Et s'assurer sans trop de difficultés la deuxième place d'un groupe guère relevé. Les 24 buts que la Nati a marqué ont d'ailleurs quelque chose de trompeur. 11 ayant été inscrits face à San Marin. Ils disent ainsi la faiblesse d'un compartiment offensif, manquant cruellement d'un avant-centre concrétisant les remontées de balle rapides et combinaisons du quintette Inler, Lichsteiner, Rodriguez, Mehmedi et Shaqiri.

Le Sélectionneur : Vladimir Petkovic

Il y a quelque chose de fascinant à voir les réactions un brin effarés suivant chacune des officialisations de l'arrivée de Vladimir Petkovic. Une pluie d'incrédulité mêlée à un torrent de questionnements s'abat sempiternellement sur le choix porté sur cette inconnu. De partout où il est passé, l'homme de 51 ans et originaire de Bosnie, a dû lutter contre les préjugés et les traces d'un parcours loin des sentiers battus. C'est sans doute le président de la Lazio Rome, Lolito, qui synthétise le mieux comment le charisme du personnage magnétisme la défiance ambiante pour finalement mieux vous électriser  (il a remporté la Coupe d'Italie face à la Roma en 2011).

« Nous avions choisi Petkovic pour d'autres qualités que celles habituellement recherchés. Je fais référence ici à un état d'esprit, un caractère et une détermination que l'on ne trouve que rarement. Je crois que les footballeurs ne devraient pas seulement être jugés en tant que footballeurs mais également en tant qu'hommes qui ont besoin d'être nourris de spiritualité pour s'épanouir. J'ai choisi Petkovic pour cette raison. C'est particulièrement injuste de ne juger un entraîneur que sur des résultats sportifs qui ne dépendent pas seulement de lui mais d'une longue liste de facteurs. »

Il faut dire que ceux de Petkovic, polyglotte, ne plaident pas forcément pour lui. Après 20 années passées à se façonner dans le bas-fond du football suisse, il trouve néanmoins une forme de reconnaissance à la fin des années 2000 à la tête de Bellinzona qu'il amène en finale de la Coupe de Suisse et en première division la même saison. Un exploit qui porte alors la lumière sur cet entraîneur pas comme les autres. Lui qui s'investissait quotidiennement et depuis 5 ans au sein d'une association caritative, Caritas, afin de faciliter l'insertion de jeunes hommes sans emploi avant d'aller à l'entraînement.

La Star : Xherdan Shaqiri

Bien sûr, le BMX n'a ni l'aura ni la réussite d'un MSN ou d'un BBC. Mais il a, lui aussi, ses fulgurances. Certains disent, quoique à tort, de lui qu'il est le trio volcanique du pauvre. C'est d'ailleurs sans doute la raison pour laquelle certains d'entre vous se demandent encore à quoi ces initiales font référence. Elles synthétisent la nouvelle puissance financière de ces clubs anglais souvent dénigrés et méconnus à l'extérieur de la Perfide Albion. BMX, c'est la force de frappe de Stoke City. Ce club dont le nom évoque l'Angleterre profonde, là où l'horizon se confond volontiers avec la toiture de ses maisons victoriennes collées les unes aux autres à perte de vue.

C'est là, au milieu de nulle part, qu'Arnautovic, Krkic et Shaqiri se sont retrouvés. Dernier venu, le Suisse, originaire des Balkans à l'instar des deux autres éléments du trident, a été séduit, comme beaucoup, à l'idée de rejoindre une formation intermédiaire de Premier League. Avant de pouvoir pourquoi pas prétendre à mieux. Cela peut néanmoins surprendre quand on a évalué au Bayern Munich ou à l'Inter Milan. En Allemagne comme en Italie, Shaqiri n'avait cependant jamais réussi à devenir un titulaire indiscutable. Certains questionnant même sa capacité à évoluer de manière durable au sein d'un top club européen.

Alors quand Stoke a décidé de casser sa tirelire (12M de livres) pour construire l'équipe de Mark Hughes autour de lui, il n 'a guère hésité. Une façon pour lui aussi de faire taire les sceptiques. Et de montrer que ses limites physiques n'en étaient pas vraiment. Car voilà, Shaqiri est un phénomène de contraste que sa musculature dessine. Petit et trapu, il dispose pourtant d'une puissance physique et d'une vélocité hors du commun. Ses mollets et cuisses, aux formes arrondies tels des yeux globuleux s'extirpant de leur orifice, cachent un touché de balle exquis et une frappe de balle déconcertante de précision. Un cube dont il est bien difficile de subtiliser le ballon et qui s'amuse de vous dans une danse tourbillonnante rythmée par de subtils petits ponts. Une sorte de « Messi des Alpes » finalement.

JULIEN ROUX

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