Lorsque l’Ukraine s’est préparée pour son barrage retour face à la Slovénie, les souvenirs douloureux d’un soir de novembre 2013 sont revenus à la surface. Ce 19 novembre a longtemps hanté les nuits de Mykhaylo Fomenko et de ses joueurs. Une sempiternelle interrogation concluait leur cauchemar : comment avoir pu laisser échapper un avantage de deux buts face à la France ? Après avoir remporté le match aller sur le score de 2-0, les Ukrainiens avaient été renversés au stade de France par des Bleus transcendés et portés par la réussite improbable de Mamadou Sakho.
Privés de Brésil, ils passaient les mois suivants à ressasser. Le traumatisme était profond. Jamais une nation n’avait été en effet éliminée en playoffs d’une Coupe du Monde après avoir dilapidé une telle avance à l’issue des premières 90 minutes. Imaginez alors ce qui a bien pu traverser l’esprit de ses hommes lorsqu’ils se sont rendus à Maribor avec une victoire 2-0 dans leurs bagages. Le scénario du pire semblait même se rejouer sous leurs yeux alors que Botsjan César (ex-Marseille) reprenait victorieusement de la tête un coup-franc de Valter Birsa (ex-Sochaux). On jouait la 13e minute seulement, et la Slovénie ne comptait plus qu’un but de retard.
Une expulsion de Brecko et une égalisation tardive d’Andrei Yarmolenko plus tard évitaient la cruauté d’un bis repetita. Un nul synonyme donc de première qualification pour la phase finale d’un Euro (elle a déjà participé à une phase finale car elle co-organisait l'Euro 2012). A voir la joie des Ukrainiens, communiant avec leurs supporters à la fin du match, on lisait l’immense soulagement que cette qualification représentait pour un pays encore frappé par les affres d’un conflit militarisé sur son sol. Ils auraient néanmoins pu s’éviter la peur de revivre un tel scénario.
Lors de la dernière journée, une victoire face à une Roja déjà qualifiée et largement remaniée aurait aussitôt composté leur billet pour la France. Mais comme à l’aller, ils s’inclinaient sur le plus petit des scores. Conséquence directe de ce revers, la Slovaquie leur chipait la deuxième place. La même Slovaquie qui avait confirmé l’immense difficulté éprouvée par les Ukrainiens à se relever après leur non-participation au Mondial brésilien. En ouverture de ces éliminatoires, ils cédaient face à des Slovaques qui ne représentaient alors pas vraiment une menace. Cette défaite, ils allaient la traîner comme un fardeau.
Cependant, l’excellent travail accompli par Fomenko, disciple de la légende du Dynamo Kiev Valérie Lobanovski, allait enfin se matérialiser par un immense bonheur collectif. Auteur de débuts fracassants sur les bancs des Bleu et Jaune avec cinq victoires et un nul lors des précédents éliminatoires, il trouva les mots justes pour remobiliser ses joueurs. Solide défensivement (elle a réalisé six clean sheets en 10 matchs) grâce notamment à la charnière Kacheridi – Rakistskiy, excellente balle au pied, elle fait également preuve d’un engagement total à la perte du ballon alors qu’elle s’en remet principalement à ses deux ailiers pour animer son animation offensive. Jouant faux pied, Konoplyanka (FC Séville) et Yarmolenko (Dynamo Kiev) excellent dans leur faculté à provoquer balle au pied et à sans cesse permuter. Bref, l’Ukraine a tout de l’équipe capable d’enquiquiner les favoris.
JULIEN ROUX
Retrouvez toutes les informations essentielles sur l'équipe d'Ukraine en cliquant ici
Retrouvez tous les résumés vidéo et les statistiques des éliminatoires de l'Ukraine en cliquant ici