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Gignac, le retour en grâce
Gignac, le retour en grâce

Il n’était pourtant pas le seul à prétendre à une place en équipe de France. D’autres aussi frappaient à la porte avec insistance (on pense notamment Alexandre Lacazette ou encore Wissam Ben Yedder, respectivement buteurs à 7 et 6 reprises en Ligue 1). Mais finalement, voir André-Pierre Gignac effectuer son retour, plus d’un an après sa dernière sélection, épouse une certaine forme de logique. Sportive avant tout. Et c’est tout serait-on tenté de dire… Auteur de son meilleur début de saison en carrière, le Marseillais affole les stats. Ses 9 buts en 9 journées de championnat viennent ainsi dessiner et confirmer son renouveau personnel au sein de la cité phocéenne. Car si le navire marseillais avait sérieusement tangué la saison dernière, ne daignant pas même se qualifier pour une compétition européenne pour la première fois depuis une décennie, ADP avait, lui, bouclé le championnat avec un compteur buts affichant 16 unités. Un total certes flatteur mais dont l’impression laissée n’avait qu’une lointaine ressemblance avec celle affichée aujourd’hui.

Parfois emprunté ou grognon sur le pré, Gignac semble désormais habité par une flamme tout aussi fédératrice que dévastatrice. Donnant alors à ses excès de colère inappropriés et ses kilos en trop des airs de fumée surannée. Pourtant ses relations ombrageuses avec Didier Deschamps n’ont rien d’une histoire ancienne. Si le sélectionneur a quitté Marseille il y a plus de deux ans maintenant, le souvenir de leurs vives altercations et de leurs éclats de voix s’écrit, lui encore, au présent.  Jean-Christophe Cano, l’agent de Gignac, rappelait, en mars dernier, combien les deux hommes conservaient toujours une amertume tenace de leur histoire commune à l’OM : « Deschamps ne le prendra que s’il ne peut pas faire autrement, c’est-à-dire s’il y a un blessé en attaque et s’il marque but sur but jusqu’à la fin de la saison. Il y a un peu de rancœur vis-à-vis d’André-Pierre et de l’OM. Même si Mandanda, Payet ou Valbuena ont été appelés, André-Pierre dans l’esprit du sélectionneur, incarne l’OM et peut-être même José Anigo. »

 Une sortie médiatique en forme de prophétie. Car oui, il ne faut pas se mentir : Gignac doit avant tout sa sélection à la blessure d’Olivier Giroud. Sans l’indisponibilité du Gunner, la boulimie de buts du Marseillais n’aurait pas vraiment éveillé l’appétit de Deschamps à son égard. Tout au plus aurait-elle suscité une réflexion qui n’aurait eu d’autre ressort que celui de répondre avec justesse aux questions pressantes sur son absence. Face aux micros et caméras, DD n’a eu, à l’inverse, d’autre choix que de souligner les progrès effectués par l’avant-centre olympien : « Aujourd’hui, il est dans une condition athlétique meilleure qu’à certaines périodes. Il l’avait été aussi à Toulouse, il a fait un peu le yo-yo ; il marquera toujours des buts mais avec cette condition physique-là, en grande forme, il peut répéter des courses à haute intensité ; à un moment donné, il pouvait en faire dix, et aujourd’hui vingt ou vingt-cinq et c’est plus intéressant parce que le haut niveau est plus exigeant. »

Des louanges aux antipodes du clash survenu entre les deux hommes à la veille d’un sulfureux PSG-OM... Agacé par les prestations indigestes de son joueur, acheté 18 millions d’euros à l’intersaison précédente, Deschamps décide de placer une nouvelle fois son attaquant sur le banc pour la rencontre opposant l’OM à l’Olympiakos Le Pirée en Ligue des Champions.  Ecœuré, Gignac ne peut contenir sa frustration et jette violemment une bouteille d’eau. Le lendemain, l’entraîneur olympien de l’époque lui demande de présenter officiellement ses excuses au cœur du vestiaire. Ce dernier refuse. S’ensuit une vive altercation où Gignac reprochera notamment à son coach de faire subir des « enculeries » à tout le groupe. Bonjour l’ambiance. Alors que son séjour à Merano pour une cure de remise en forme tarde à montrer ses effets positifs, l’avenir de Gignac semble alors s’écrire loin de la Canebière. Lors du mercato estival suivant, son salaire gargantuesque (300 000 euros mensuels) et ses statistiques faméliques ne permettent pas à l’OM de lui trouver un point de chute. Son départ avorté à Fulham à quelques heures de la clôture du marché des transferts cristallise même les positions de chacun.

Faisant bon gré contre mauvaise fortune, Gignac ronge son frein. Et attend son heure. Pour enfin s’imposer et répondre aux attentes que sa venue dans son club de toujours avait suscitées. Avec force de caractère et ressources mentales, il a fait front. Et incarne aujourd’hui à lui seul le renouveau de l’OM insufflé par la méthode de Marcelo Bielsa dont il apparaît comme le relais privilégié sur le terrain. Poussé vers la sortie il y a peu, adulé aujourd’hui, Gignac a tout d’un héros moderne. Ses statistiques en équipe de France (4 buts dont 3 face aux Iles Féroé en 17 sélections) restent, elles, maigrichonnes. Les faire gonfler aurait tout d’une bonne idée.  Faute de quoi, il prendra la porte pour de bon.


2014-10-09 18:39:30
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