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J 24 : Le Fait Marquant
J 24 : Le Fait Marquant

Landry N'Guémo

De sa célébration ne transpire ni rancune, ni amertume. Seulement une bonne dose de soulagement. Les bras pointent le ciel. Le visage se lit impassible. Ses coéquipiers le congratulent. Lui, ne réalise pas vraiment. Son bonheur immense est intérieur. Pourtant, Landry N’Guémo vient de donner l’avantage à son nouveau club face à ses anciens partenaires… d’entraînement. D’une frappe pure du pied gauche en pleine lucarne, il a mis fin à des mois de frustration et de doute. Une période sombre que la parenthèse enchantée de la Coupe du Monde n’a qu’éclaircie que par petites touches.

Car voilà, la cicatrice était profonde. Lorsqu’il s’envole pour le Brésil avec sa sélection, le Camerounais ne sait toujours pas de quoi son avenir en club sera fait. « Ce n’est pas facile à vivre, concède celui dont le contrat avec les Girondins de Bordeaux expire fin juin. La saison dernière, j'ai été blessé, je ne pouvais pas espérer mieux, je devais montrer aux sceptiques de quoi je suis capable. J'ai rejoué. Le club ne s'est pas manifesté, c'est son droit mais c'est stressant. Avec ma famille, je ne peux pas me projeter sur la saison prochaine. »

Pas facile dans ces conditions de vivre pleinement l’aventure du Mondial avec les Lions Indomptables. D’autant que celle-ci tourne court. Avec trois défaites en trois matchs, et un vestiaire en proie aux rugissements trop fréquents des différents clans qui le composent, N’Guémo doit plier bagages aussitôt arrivé. Direction… l’inconnu. Les dirigeants bordelais ayant refusé de le prolonger. A la recherche d’un nouveau défi, plusieurs opportunités s’offrent cependant à lui. « Après la Coupe du Monde, il y a eu des propositions de clubs en Espagne ou en Turquie, confie-t-il. Il y a eu aussi le Standard de Liège. Mais le challenge qui m’a semblé le plus intéressant, c’était celui de Lens. J’y croyais vraiment. J’ai aimé le projet sportif. J’ai fait un choix. J’aurais pu choisir autre chose. Jusqu’à la fermeture du mercato, il y avait des propositions. »

Sans doute auraient-ils dû les étudier d’un peu plus près. De fait, il ne participe à l’aventure lensoise que de loin. Le mariage à peine entérinée, les dirigeants Sang et Or « dénoncent » le contrat. Le divorce n’interviendra pourtant que quatre mois plus tard. « Quand je signe à Lens, il n’y a pas encore l’interdiction de recrutement de la DNCG, précise le natif de Yaoundé. Je passe ma visite médicale, je signe. Et c’est le lendemain que l’interdiction de la DNCG tombe. Là, ils me rassurent tout de suite. Ils me disent que le propriétaire Hafiz Mammadov va mettre de l’argent. » Convaincu de sa décision et de la bonne foi de Gervais Martel, N’Guémo se donne néanmoins le temps de la réflexion.

Et décide de ne pas plaquer la porte de la Gaillette. Tout au contraire, il enchaîne les séances d’entraînement. Pas même un brin boudeur, il se refuse à critiquer ouvertement l’état-major lensois et se réfugie dans le travail. « Ce n’était pas évident, souligne-t-il cependant. Moi j’étais à Lens à l’hôtel. Mes enfants et ma femme à Nancy. Je m’entraînais avec l’équipe normalement. Le week-end, je m’entraînais aussi le samedi. Je rentrais seulement voir ma famille pour un jour ou deux. Les premières semaines je n’ai même pas fait la route. Après, je trouvais le temps long et je préférais rentrer voir mes proches. » Les semaines passent, et la situation financière du Racing fait toujours autant grise mine.

Les allers-retours du président lensois à Bakou pour convaincre Mammadov de tenir ses engagements n’y changent rien. L’état français se décide même à intervenir quand la question de la survie du club nordiste se pose. Finalement l’homme d’affaires azéri, Anar Mammadov, qui n’a aucun lien de parenté avec l’actionnaire majoritaire, évite l’incident diplomatique en injectant 4 millions d’euros à la mi-décembre. La fin du tunnel pour N’Guémo ? Pas vraiment. Le soulagement se confond avec le désenchantement. Et très vite, la satisfaction laisse place à la déception.

« 
J’ai discuté avec le président Gervais Martel qui m’a dit qu’il restait malgré tout bloqué financièrement et qu’il ne pouvait pas m’offrir le contrat prévu au départ, regrette l’international camerounais. Le club a d'abord fait signer ses jeunes éléments (Atrous, Boulenger,...) et, malheureusement, cela ne s'est pas concrétisé pour moi. L’enveloppe que Lens avait à disposition pour le transfert n’était pas suffisante pour pouvoir homologuer mon contrat. C’est pour ça que je n’ai pas pu rester. J’aurais souhaité avoir la chance de poursuivre l’aventure pourtant. C'était mon projet. J'étais certain de pouvoir m'engager après ce que les dirigeants m'avaient promis. » Ils n’ont pas tenu parole.

Ce qui ne l’a pas empêché de rebondir. Et plus particulièrement à Saint-Etienne. A la recherche d’un milieu de terrain d’expérience suite à la grave blessure de Renaud Cohade, Christophe Galtier prend contact avec son entourage. Le coach stéphanois passe même un coup de fil à son homologue lensois afin de se faire une idée plus précise de sa condition physique et de sa capacité à se fondre dans un collectif. Emballé par les réponses apportées par Antoine Kombouaré, il demande à sa direction de finaliser l’affaire dans les plus brefs délais. N’Guémo rejoint les Verts pour six mois dans la foulée. Et se fait désormais appeler Tsafack. Comme pour mieux marquer l’idée d’un nouveau départ. Son but face à Lens en écrit le prolongement.

JULIEN ROUX

2015-02-10 14:01:24
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