LE Joueur : Alexandre Lacazette

Quand Didier Deschamps a fait savoir qu’il se rendait à l’Allianz Rivera pour assister à la rencontre entre Nice et Lyon, les raisons de son voyage ne laissaient guère de place au mystère. Non, le sélectionneur national ne cherchait pas à profiter des derniers rayons de soleil de la Côte d’Azur. Ni même à constater de visu qu’aucun supporter niçois ne fasse irruption sur la pelouse. Il venait plutôt observer d’un plus près le joyau le plus scintillant de la formation lyonnaise (deuxième centre de formation mondial derrière celui du FC Barcelone d’après une étude du CIES). En effet, Loïc Rémy indisponible (blessure musculaire contractée en Ligue des Champions alors qu’il venait de marquer), Alexandre Lacazette apparaît comme son remplaçant naturel. Déjà, lors de la précédente liste concoctée par le sélectionneur national, son nom avait été évoqué parmi les deux joueurs susceptibles de palier à l’absence d’Olivier Giroud (Arsenal). Finalement, la forme éblouissante d’André-Pierre Gignac avait prévalu dans l’esprit de Deschamps. Cette fois, l’argument ne tiendra pas.

Car voilà, le Lyonnais vient de rejoindre le Marseillais en tête du classement des buteurs avec dix réalisations en douze journées. Son doublé en toute fin de rencontre face à Nice témoigne de cette montée en puissance. Qui n’a rien d’éphémère. Depuis le début de la saison, l’attaquant rhodanien ne cesse ainsi de voir son influence grandir et ses statistiques personnelles gonfler. Il confiait ainsi récemment que Bernard Lacombe, le conseiller particulier du président Aulas, l’avait quelque peu titillé sur la question : « Il voulait que j’arrive à un nombre à deux chiffres à la trêve, c’est fait. Je verrai le prochain objectif qu’il va me fixer et je tâcherai de l’atteindre. » On est curieux de le connaître. Car rien ni personne ne semble arrêter ce lyonnais pur souche, débarqué à l’OL à l’âge de quinze ans. Depuis, le jeune homme a bien grandi après avoir patiemment appris dans l’ombre de Bafétimbi Gomis et de Lisandro Lopez notamment. De ce dernier, il a certainement cultivé cet esprit du combat, ce sens du but et surtout cette envie d’explorer ses propres limites. Cet insatiable appétit, il l’avait définitivement affirmé en croquant avec caractère lors de la première journée de la saison 2013-2014.

Licha faisait alors ses adieux et venait tout juste de laisser sa place sur le terrain à un gamin du cru à l’efficacité encore hésitante. Donnant ainsi au chantier de sa succession des airs de friches. C’était avant que Lacazette n’inscrive ce soir-là un doublé… Visiblement, son histoire avec les Aiglons n’était pas tout à fait refermée. En donnant la première victoire à son équipe à l’extérieur de la saison (6 succès, 2 nuls sur les 8 dernières journées), l’international français (3 sélections) s’est un peu plus distingué comme le joueur le plus décisif de Ligue 1. Avec pas moins de dix buts et quatre passes, il est directement impliqué dans près de 60% des buts de son équipe en championnat. Rien que ça. Mais plus que ses stats’, c’est son tempérament sur le terrain qui marque le plus. Son enchaînement sur son premier but face au Gym souligne cette inébranlable confiance en soi. Sa prise de balle vers l’avant, tout d’abord, transpire cette volonté de défier sans cesse la défense adverse. Sa course, ensuite, au milieu de quatre défenseurs traduit cette assurance et aisance sa balle au pied. Sa frappe imparable, enfin, témoigne de ce souci de finir les actions. Un enchaînement comme un condensé de la maturité nouvelle de Lacazette. Promu capitaine en l’absence de Gonalons, ce dernier n’a donc pas fui ses responsabilités. Deschamps n’a décidément pas fait le déplacement pour rien.

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