Veille de 38ème journée. Et de dernière sur le banc lorientais pour Christian Gourcuff. Ses futurs ex-joueurs se livrent à une ultime séance d’entraînement sous ses ordres. Alors pour ne pas déroger à ses principes, il les invitent à répéter une nouvelle fois leurs gammes au sein d’un exercice d’utilisation et de conversation du ballon. Alors qu’il s’adonne à la distribution des chasubles, l’entraîneur des Merlus prend à l’écart Raphaël Guerreiro. Ses mots sont brefs.  Mais lourds de sens. En substance, cela donne ceci : “Ce fut un réel plaisir de travailler avec toi. Tu sens vraiment le jeu. Continue dans cette direction là.” Une intervention rare pour un homme avare en éloges. Le message n’en est que plus fort. Il sonne comme une invitation et une mise garde. Sorte de promesse d’un avenir qui pourrait devenir radieux à condition qu’il se vive en phase avec les exigences du haut niveau. Il faut dire que le Lorient version Gourcuff s’est lancé avec bonheur dans le recrutement de défenseurs à fort potentiel évoluant à l’échelon inférieur (Ligue 2). Cette filière abondamment explorée ses dernières années a notamment enfanté quelques beaux produits. Les derniers exemples en date ne sont autre que Jallet, Morel, Ecuele Manga ou encore Koscielny. Une trajectoire que l’ancien Caennais se verrait bien également emprunter.

Elle a pris un peu plus d’épaisseur au cours des quinze derniers jours.Tout a commencé avec un but face au Paris Saint-Germain. Au terme d’une contre-attaque magnifique de vitesse d’exécution et de précision, son plat du pied dans un angle impossible donnait l’avantage aux Lorientais. Une action de classe seulement ternie par un résultat final en la défaveur des siens. Elle venait pourtant souligner avec force combien le latéral gauche savait se projeter vers l’avant et se retrouver à la conclusion des mouvements collectifs. Une tendance qui ne s’est pas démentie au fil des dernières heures. Tout au contraire. Après avoir connu sa première sélection avec les A du Portugal (il compte aussi 8 caps avec les Espoirs) face à l’Arménie, il a confirmé que son rêve éveillé ne lui faisait pas tourner la tête. Au Théâtre des Rêves de Manchester, il s’est baladé avec enthousiasme dans son couloir face aux stars argentines. En rien impressionné par le contexte, il s’est même offert le luxe de donner la victoire aux partenaires de Cristiano Ronaldo d’une tête plongeante au bout du temps additionnel. Difficile de connaître meilleur scenario.Visiblement le rejouer à l’envi ne lui pose pas plus de problème...

Face à Lens, il a de nouveau enfilé son costume de sauveur. Alors que le FCL débutait la rencontre dans la peau de la lanterne rouge (8 défaites en 9 journées), sa frappe pure du pied gauche à l’entrée de la surface de réparation libérait les siens. Lorient n’est plus relégable. Et Sylvain Ripoll s’offre un répit bienfaiteur. Il le doit en grande partie à l’activité de tous les instants de ce gamin de 20 ans. Timide face aux micros, il s’exprime avec certitudes et caractère sur le terrain. Précis dans ses interventions, tranchant dans ses choix offensifs, il fut dans tous les bons coups de sa formation. Comme en témoigne ses 4 frappes cadrées en autant de tentatives (seul joueur à 4 tirs ou plus avec un taux de réussite de 100% de frappes cadrées lors de cette jounée). A ce rythme-là, on se dit que la DTN française risque fort de regretter longtemps son manque d’insistence et de conviction à son égard. Alors qu’il avait la possibilité d’évoluer pour les Bleus, il a en effet préféré la tunique lusitanienne. Si Guerreiro écoute les conseils avec autant d’à-propos que son coeur, son futur devrait s’écrire loin de Lorient dans les prochains mois. Pour le plus grand bonheur de son désormais ex-coach.