Daniel Wass

A voir l’empressement autour de Daniel Wass, on se dit que certains devraient consulter pour s’assurer de ne souffrir d’aucun problème mémoriel. Quelques mois plus tôt, le Danois avait en effet déjà enfilé le costume de sauveur en évitant à son club de connaître la relégation. Petit flashback. On joue la 38^ème et dernière journée. Sochaux accueille l’ETG, et peut s’extirper de la zone rouge au détriment de son adversaire du soir s’il parvient à l’emporter. Un scénario visiblement peu goûté par le latéral droit de formation évianaise. Qui mit un terme à tout suspense en s’offrant un doublé après avoir rapidement ouvert la marque d’un geste acrobatique de grand talent. Une ultime prestation dans la droite lignée d’un finish particulièrement inspiré sur le plan offensif.

Wass a, en effet, su apprivoiser sa polyvalence et sa faculté d’adaptation pour en faire un réel atout en se muant en un joueur aussi imprévisible que déroutant. C’est que son rôle demeure, encore aujourd’hui, une inconnue pour des défenses adverses qui n’apprennent qu’à l'improviste sa position sur le terrain. A l'inverse, son influence n’est plus un mystère pour personne. La saison dernière, il avait bouclé l’exercice avec un total de 9 buts (dont 5 entre la 32^ème et 38^ème journée) et de 3 passes décisives. Pas mal pour un joueur censé être occupé essentiellement aux tâches défensives. Une activité débordante qui n’avait d’ailleurs pas laissé indifférente. Saint-Etienne et Marseille avaient ainsi essayé de l’attirer au cœur de l’été. En vain.

La faute à l’intransigeance des dirigeants haut-savoyards qui avaient notamment refusé une offre ferme des Verts estimée à un peu moins de 3 millions d’euro et le prêt gratuit de Mollo. Il faut dire que son contrat court jusqu’en juin 2016 et qu’une partie de son transfert sera reversée à son ancien club, Benfica. Révélé à Bröndby, le Danois avait en effet très tôt choisi l’exil. Une expérience qui vira court. Au Portugal, le jeune international ne s’imposa pas. Pis, il ne joua pas. Ou peu. A l'instar de cette rencontre disputée entre le club lisboète et le Servette de Genève en Suisse. En voisin, Pascal Dupraz, alors directeur sportif de l’ETG, avait fait le chemin jusqu’à la capitale helvétique. Le retour, il le fera accompagné de ce jeune blondinet.

 « Quand, il arrivé chez nous, il était tout petit, se remémore celui qui est entre-temps devenu son entraîneur. Aujourd’hui, il s’est affirmé. Pour moi, c’est un top joueur. L’un des meilleurs que j’ai dirigés. C’est un garçon facile à gérer, même s’il a aussi la pointe de caractère qui fait les grands joueurs. » Allusion à peine masquée à l’attitude de son joueur au sortir de l’été. Mécontent et quelque peu bougon après son transfert avorté, il trainait les pieds et le spleen se lisait sur son visage. « Le Daniel Wass d’avant le déplacement à Bordeaux (20 septembre), je préfère l’utilise en bout de banc, assène Dupraz. Avant d’ajouter : « A terme, au 30 juin prochain, il ira exercer son talent ailleurs et j’invite de grands clubs à s’intéresser à ce joueur-là. »

C’est que Wass marche actuellement sur l’eau. Evian doit ainsi et en (très) grande partie sa position au-dessus de la ligne de flottaison aux performances remarquables de son homme à tout (bien) faire. Notamment sur coup de pied arrêté. Son coup franc de plus de 30 mètres face à Guingamp (son sixième en Ligue 1) a ainsi permis à l’ETG d’enchaîner un deuxième succès consécutif face à un concurrent direct dans la course au maintien. Une forme d’habitude pour le Danois dont 4 des 5 buts ont permis aux Roses d’empocher une précieuse victoire (Lens, Metz, Nice et donc Guingamp). Cela ne vous rappelle rien ?

JULIEN ROUX