Evian TG – Lyon : 2 - 3

A voir la mine des Lyonnais à Tola Vologe lundi matin, on se dit que leur nuit à été courte. Les cheveux ébouriffés. Les traits tirés. Les yeux rougis. Encore groggys. La fatigue se confond avec une profonde déception. Aucun d’entre eux n’avait encore perdu à Geoffroy-Guichard. Ils ne pourront plus le dire. En élargissant le spectre, l’institution OL a ainsi cédé face à son voisin pour la deuxième fois d’affilée. Une humiliation. Doublée d’une correction lorsqu’on jette un coup d’œil à l’ampleur du score (3-0). Une fois n’est pas coutume, Jean-Michel Aulas a fait dans la communication minimaliste. Un tweet plein de sarcasme invitant les Stéphanois à se retrouver en 2034 pour célébrer leur prochaine victoire dans un derby à Geoffroy-Guichard. Il faut dire qu’ils n’avaient plus connu tel parfum depuis 1994. Une éternité.

A l'instat des minutes qui se sont égrainées depuis le coup de sifflet final. Les Lyonnais, pas mécontents d’avoir à se coltiner Reims et Evian en 6 jours, le savent. Le remède passe par une semaine bien négociée. Il leur faudra donc avant tout se remobiliser et se remettre en l’endroit. Dans ces cas-là, le guide s’appelle Lacazette. Cela en deviendrait presque une habitude. En délivrant, avec la complicité bien involontaire de Placide, ses partenaires face aux Rémois au bout du temps additionnel, il a contribué à un succès qui a fait un bien fou aux têtes. Une issue un brin flatteuse au regard des opportunités franches qu’ils ont concédées. De la manière, les Rhodaniens n’en ont, à vrai dire, que faire. Et s’en tiennent volontiers à une vision terre à terre. Avec ses 3 points, ils ont entamé leur chemin sur la voie du pardon. Et préservé leur place sur le podium plus que jamais menacée par Saint-Etienne et Bordeaux.

Ces derniers se donnent d’ailleurs un malin plaisir à accentuer leur pression en gagnant respectivement face à Bastia et Lorient. Faisant ainsi rétrograder l’OL à la 5^ème place à l’heure du coup d’envoi face à Evian. Un coup de chaud seulement adouci par la fièvre et les maux de tête de Daniel Wass, contraint de déclarer forfait le matin même de ce derby rhônalpin. Un vrai coup dur pour l’ETG. Tant l’international danois marchait sur l’eau, restant même sur trois coup-francs splendides en autant de rencontres. Résultat, les Haut-Savoyards surfaient sur une série de 3 victoires consécutives en même temps qu’ils réalisaient leur meilleur départ de leur (courte) histoire en Ligue 1. Ce déplacement à Annecy avait donc tout des airs d’un traquenard. Les Lyonnais allaient vite l’apprendre à leurs dépens.

Pourtant, ils avaient su d’entrée imposer leur rythme en proposant un pressing très haut à leur adversaire. Une entame réussie qui ne déboucha cependant sur rien de concret. Si ce n’est une succession de coups de pied arrêtés gâchés. Sur l’un d’entre eux, la défense rose se dégageait rapidement obligeant alors Malbranque à commettre une faute à 30 mètres de ses cages. Plein axe, le vétéran Barbosa faisait oublier un petit blondinet venu du Nord en logeant le ballon dans la lucarne de Lopes. Un avantage qui allait faire retomber sensiblement le rythme de la rencontre. Ce dont allait profiter les hommes de Pascal Dupraz pour créer à nouveau le danger alors que l’on entrait dans le temps additionnel de la première période.

Nsikulu, tout en puissance, perçait sur le flanc gauche avant de se défaire de Ferri pour se présenter aux devants du portier lyonnais. A angle fermé, son centre-tir ne trouvait preneur… Ce même Nsikulu donnait encore le frisson à la défense lyonnaise en reprenant du bout du pied un centre venu de la gauche. Une reprise au cœur de la surface qui tutoyait le cadre… L’ETG venait de manquer l’occasion de breaker. Il allait le regretter. La faute à ce diable de Lacazette. Au retour des vestiaires, l’international français allait prendre les choses en main. En décalant Ferri tout d’abord, dont la frappe passa de peu à côté des buts puis en exécutant parfaitement un coup-franc qu’Hansen ne put que repousser dans les pieds de… Benzia qui remettait les deux formations à égalité.

Vexés, les Evianais repartaient de l’avant. Et Nsikulu se voyait enfin récompenser. Son rush, conclu par un centre à ras de terre, trouvait Barbosa, encore lui, qui logea le ballon hors de portée de Lopes. A 38 ans et 9 mois, l’Ardéchois devenait alors le plus vieux buteur des 5 grands championnats européens (devant Totti et Luca Toni). Pas de quoi impressionner pour autant la classe biberon de l’OL. Son meilleur élément en tête. Lacazette, à dix minutes du terme, se faisait oublier au second poteau sur un corner pour exécuter un enchaînement contrôle-frappe de grande classe. Une faute de marquage grossière aussi vite sanctionnée comme pour mieux marquer le début des tourments haut-savoyards.

Monsieur Chapron se décidant une nouvelle fois à voler la vedette aux vingt-deux acteurs. L’arbitre signalait le point de pénalty à la suite d’une « main » de Thomasson. Une décision lourde de conséquences alors que le temps additionnel avait déjà commencé à s’écouler. Sans trembler, le meilleur buteur de L1 s’offrait un doublé. Et redonnait le sourire à tout un club. Tout heureux d’enchaîner un second succès de rang. Qu’il semble loin le derby…

JULIEN ROUX