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J18 : Le Joueur
J18 : Le Joueur

Jordan Ayew

Pas facile d’être le fils de, quand on est aussi le frère de. Dans l’ombre de son père, Abedi Pelé, et de son aîné, André Ayew, Jordan a bien eu du mal à grandir et à s’épanouir à Marseille. Débarqué à l’âge de 14 ans dans la cité phocéenne en provenance de son pays natal, il a pris de plein fouet le choc culturel : « Ici, on pense plus à sa gueule, je n’y étais pas préparé. Je n’avais pas été élevé comme ça au Ghana. Sans André, j’aurais craqué », avoue-t-il en 2011.

Loin de son cocon familial, il se construit cahin-caha dans les pas de son frangin qui intègre rapidement le groupe pro et d’un drôle de papy spirituel. Pape Diouf, alors homme tout faire du club marseillais, prend le cadet de la fratrie qui n'est encore qu'un gamin sous son aile, et en devient même le tuteur. De sa protection bienveillante et de ses conseils avisés, Ayew n’aura pas su pourtant conserver le sens de la formule face caméra. Ses premières apparitions ont dressé de lui l’image d’un enfant gâté.

Impliqué à de multiples reprises dans des échanges musclés sur la pelouse avec certains de ses adversaires et de ses partenaires, son envie de bousculer la hiérarchie est interprété comme une confiance en soi démesurée. Ses prestations guère enthousiasmantes tendent même à faire croire à l’idée d’un regroupement familial forcé bien plus qu’à l’idée d’une lignée dorée. Son tempérament de feu dans le vestiaire et son caractère bien trop individualiste sur le terrain colorent à chacun de ses écarts de jeunesse un peu plus son étiquette de sale gosse. Taiseux, il se renferme. Et ne trouve du réconfort qu’auprès des siens.

Toujours pressé, il sollicite plusieurs fois ses dirigeants pour leur faire savoir son mal être et réclame sa liberté. Il ne sera pas entendu. En quête d’affection, Ayew cherche désespérément les preuves de leur confiance. Elles n’arriveront jamais. Cet été, il n’a même pas eu le temps de prouver les bienfaits de son prêt à Sochaux (5 buts) à Marcelo Bielsa. Pas même arrivé que l’Argentin apprend le départ de l’international ghanéen pour Lorient. Un choix validé par son grand-frère.

« J’étais favorable à son départ, confesse André Ayew qui a lui-même évolué en Bretagne quelques saisons auparavant. C’était la meilleure chose pour lui. Quand j’ai vu ses six mois dans le Doubs, je lui ai dit « Tu dois partir ! » Maintenant, c’est un joueur très important de son nouveau club, il marque, il fait marquer. À l’OM, il n’a jamais été reconnu à sa juste valeur. Quand on est un jeune joueur, formé dans ce club, c’est toujours dur à vivre. Alors, parfois, il vaut mieux partir. C’était le moment de quitter l’OM pour lui. » Si son avenir loin du Vélodrome ne faisait plus de doute, l’identité son nouveau port d’attache fut longtemps incertain.

Alors qu’il s’était entendu contractuellement avec les Aiglons, il s’engage finalement quelques jours plus tard avec les Merlus. « Lorient n'était pas son premier choix, mais il est venu ici pour rebondir, précise-t-on dans l’entourage de la formation lorientaise. Il a compris que ce club possédait un bon contexte pour, ensuite, rejoindre un club étranger plus huppé. » A moins qu’il ne s’agisse de l’offre de 4M€ du président breton qui ait décidé de la suite de la carrière de Jordan Ayew. Quand les dirigeants azuréens ne proposaient « que » 2M€, Loïc Féry n’a, lui, pas hésité à sortir le carnet de chèques.

Fort des 10M€ amassés de la vente d’Aboubakar au FC Porto et de ses excellentes relations avec son homologue marseillais, Vincent Labrune, il a bouclé le dossier en moins de 72 heures. « Jordan Ayew n'est pas allé chez le mieux-disant, loin de là, se félicite le boss lorientais. Tout peut jouer. Le cadre de vie, parce qu'il a une petite fille de 6 semaines. La concurrence qui est moindre ici qu'à l'Olympique de Marseille. Et aussi les conditions d'entraînement et la valeur des équipiers qu'il trouve en arrivant... Autant d'alternatives au salaire net. »

Dans un club rapidement à la dérive sans son phare de toujours, Ayew tarde néanmoins à voir la lumière. Le public du Moustoir l’érige en bouc émissaire de ce changement de cap mal maîtrisé. L’attaque est patraque. Et le Ghanéen revenu de la Coupe du Monde avec des kilos en trop se cherche. Sylvain Ripoll, l’adjoint devenu entraîneur, continue cependant à lui faire confiance. Même au plus fort de la tempête. Aligné en pointe, Ayew finit par trouver ses repères alors que son coach opère des choix forts. A l’instar notamment du repositionnement de Raphaël Guerreiro au poste de milieu gauche.

Conséquence directe de ses ajustements, son équipe prend confiance et enchaîne les bons résultats. La victoire face à Metz vient ainsi conclure une série de cinq matchs à dix points (soit autant que lors des treize rencontres précédentes). Symbole de ce renouveau, Ayew se montre décisif à chacune de ses sorties. Ou presque. Lors de ses neuf dernières apparitions en Ligue 1, il a ainsi scoré à quatre reprises (donc un but sur pénalty face à l’OM) et délivré également quatre passes décisives. Une embellie personnelle, traduite par une implication de tous les instants (à l’origine de 8 des 14 derniers buts de son équipe) qui peut surprendre.

Mais qui valide surtout celle du printemps dernier avec Sochaux. Dans un contexte similaire, il s’était déjà découvert des responsabilités nouvelles qu'il n'avait pas fuies. L’histoire semble se répéter. Ce qui ne le vaccine toujours pas de quelques excès en fome de coups de sang. « Regardez les stats et on en parlera, a fulminé un Jordan Ayew un brin agacé au début du mois au sortir d’un match à Toulouse. Les gens peuvent tout dire mais ça fait un moment que je suis impliqué sur tous les buts de Lorient. » Ah Jordan, il est décidément bien difficile de se faire un prénom…

JULIEN ROUX

2014-12-15 17:20:00
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