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J19 : Le Joueur
J19 : Le Joueur

Yannick Ferreira-Carrasco

Il n’était pas rare de le voir se goinfrer d'un Big Mac bien gras alors que ses coéquipiers se démenaient pour nourrir leur appétit de titre. Il n’était pas rare, non plus, de le surprendre à se délecter des effluves enivrantes d’une chicha. Bref, Ferreira-Carrasco, puisque c’est de lui dont on parle, vivait plutôt bien sa mise à l’écart… Rien ne semblait pourtant indiquer que sa relation avec son club formateur virerait aigre-doux. Débarqué sur le Rocher à 16 ans, en provenance de la Belgique, le milieu offensif avait impressionné ses éducateurs dès les premiers entraînements.

Stéphane Pauwels, alors recruteur de l’ASM, se souvient : « J'étais venu assister à un match entre les U16 de la Belgique et ceux du Luxembourg. Après 10 minutes sur le terrain, je suis conquis par Yannick. Même s'il avait un corps de crevette, il avait déjà tout : les deux pieds, la vista, la vitesse. » Et une situation contractuelle floue. « Je me renseigne et je découvre que le gamin n'a pas de contrat avec Genk, poursuit-il. Il habitait à l'époque chez l'habitant près du centre de formation. Il avait même appris le flamand pour s'intégrer au plus vite. À ce moment, il ne gagnait rien, du genre 250 euros de défraiement mensuel et une paire de pompes. » Les charmes de la Principauté n’éprouvent donc guère de difficultés à convaincre l’ado.

Reste que les négociations traînent en longueur. Entre les convoitises de Valence, de la Real Sociedad et de la Juventus, et les promesses du coach de Genk, les dirigeants monégasques doivent batailler ferme. Trois mois plus tard, ils arrachent finalement sa signature. Vainqueur de la Gambardella avec Kurzawa notamment, il ne tarde pas faire à ses premières apparitions en pro. « Je me souviens de mes débuts en L2 avec Claudio Ranieri, se remémore Ferreira-Carrasco. À ce moment-là, je ne pensais qu'à attaquer, à dribbler, à prendre du plaisir. Il m'a appris à évoluer sur le plan tactique. Il m'a bien formé. J'ai le sentiment que cela porte ses fruits. Mon volume de jeu est plus important. J'ai aussi pris de l'expérience depuis 2 ans. »

Autant d’éléments de réflexion qui l’invitent à songer à un départ. Pas vraiment du goût des décideurs monégasques. D’autant que le Diable Rouge dispose d’une prolongation de contrat. Un brin bougon devant le peu d’empressement de sa direction à revoir ses émoluments, il perd le fil de sa progression. Et se donne une blessure à la cheville fin octobre. Pour palier à son absence, l’entraîneur italien innove tactiquement. Une réorganisation qui coïncide avec l’épanouissement de James Rodriguez. Résultat, Ferreira-Carrasco ne joue en tout et pour tout que 48 minutes entre le 9 novembre et le 10 mai. « Je savais pourquoi je ne jouais pas », commente sobrement celui qui a depuis prolongé son contrat jusqu’en 2019.

Il avait pourtant trouvé à l’époque un accord salarial avec l’AS Rome de Rudi Garcia qui était prête à débourser 5 millions d’euros pour racheter sa dernière année de contrat. « Si c’était à refaire, je referais les mêmes choix, confie-t-il avec le recul. Il y avait des jours où c’était dur, mais je me disais toujours que j’allais avoir une chance. C’était ce qui me motivait. Si tu te démoralises toute la semaine et que finalement, on fait appel à toi pour le match du week-end, tu passes à côté. Ma force, c’est que j’ai toujours pensé que j’allais jouer. Finalement, c’est arrivé pour les deux derniers matches de la saison. » L’arrivée de Leonardo Jardim, en remplacement de Ranieri à l’intersaison, n’est pas venue enrayer la dynamique.

Après avoir tout de même quelque peu tâtonné, le technicien portugais, est depuis parvenu à trouver un équilibre. Une montée en puissance qui a renforcé l’influence du Belge, qui se veut désormais le dépositaire du jeu monégasque. Une emprise qui se prolonge jusque dans ses chiffres personnels. Sa réalisation face à Metz, donnant la victoire aux siens, est ainsi sa quatrième de la saison en championnat. Un total auquel il faut également rajouter 4 passes décisives. Ainsi qu’une statistique traduisant mal sa récente maturité. Face à Caen, il a également établi un nouveau record de dribbles tentés (19) au cours d’une rencontre.

De quoi donner un peu plus d’épaisseur à l’image d’individualiste forcené qu’il s’était construite à ses débuts. Une image en trompe l’œil comme en atteste son repli défensif et son implication à l’entraînement. Son coéquipier, Valère Germain, l’assure : « Depuis qu'il a intégré l'équipe nationale de Belgique, il a franchi un cap. Surtout dans sa tête. C'est sans doute pour ça qu'il prend plus de place dans l'équipe. » Et que le gérant du Macdonald, situé à l’angle de la rue menant au stade Louis II, l’a perdu de vue.

JULIEN ROUX

2014-12-23 18:58:46
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