LeFoot.fr : Actus, Live, Résultats, Vidéos & Stats
LeFoot.fr

La passion du football depuis 2001

NOUVELLES SPORTS - LIGUE 1
J21 : LE Joueur
J21 : LE Joueur

Lucas Barrios

Il est comme ça Loulou. Tantôt fin provocateur. Tantôt sulfureux agitateur. Mais jamais dans le discours convenu. Il a beau avoir pris du recul sur les affaires courantes, laissant son rejeton assumer cette responsabilité, il n’oublie jamais de délivrer, de sa gouaille toute personnelle, quelques messages bien sentis sur les orientations prises par son club. Dernier en date ? « Avec les quatre que l'on a recrutés, on n'a pas eu la main heureuse, glisse-t-il l’air de rien avant de préciser sa pensée. Ce n'est pas un fiasco mais... Barrios, Courbis m'a dit que c'était l'affaire du siècle, pour le moment, c'est le casse du siècle. »

Bon, au soir de la journée et d’une défaite bien terne face à Saint-Etienne, il est vrai que son profil n’entretient pas franchement une ressemblante frappante avec celui d’Albert Spaggiari… Et pour cause, avec 0 but et 0 passe décisive en 643 minutes de jeu en Ligue 1, il ne semble pas presser de braquer les défenses adverses. A moins qu’il ne s’agisse là d’un mutisme organisé pour mieux les dévaliser par la suite. Tellement bien fomenté que même on propre entraîneur ne semble pas être dans la confidence.

« Barrios ? Je suis déçu, mais c'est un pari sur dix mois, souligne un Rolland Courbis pas tout à fait résigné. J'avais été convaincu par Lucas lors d'une discussion, et vu les conditions financières, ça me paraissait être un bon pari. Pour le moment, il ne marche pas vraiment, mais je dis bien pour le moment. Pour remettre en jambes en trois mois un joueur qui a vécu tant de problèmes, il faudrait s'appeler David Copperfield. » Pour le tour de passe-passe, on repassera donc.

C’est vrai que les dirigeants rappelaient au moment de la signature de l’international paraguayen que la magie n’opérerait pas d’un claquement de doigt. « Pour moi, la question n’est pas de savoir si Lucas est un bon joueur ou pas mais de savoir s’il est capable de revenir à son meilleur niveau, s’interrogeait alors Laurent Nicollin. C’est un bon joueur qui a envie de jouer en Europe, et en particulier dans le sud de l’Europe. Nous sommes vraiment désolés pour les cinq ou six clubs qui voulaient l’avoir. » Disait-il alors cela pour s’en persuader lui-même ?

Après les premières 16 journées de championnat, l’interrogation a sacrément pris de l’épaisseur. Et pourtant, au regard de sa trajectoire récente, le contraire aurait été surprenant. Car voilà, l’attaquant qui empilait les buts et les titres de champion d’Allemagne avec le Borussia Dortmund (39 en 83 matchs de Bundesliga entre 2009 et 2011) a depuis perdu le manuel d’utilisation du goleador. Et a volontiers succombé pour celui de la pré-retraite dorée après avoir accepté l’offre mirobolante venue de Chine. Son compte en banque a apprécié. Sa carrière beaucoup moins.

Elle n’a guère plus goûté l’expérience moscovite. Au Spartak, qui l’a rapatrié de Guangzhou pour 7 millions d’euros et auquel il appartient toujours, le déclin se confirme. Son instinct de buteur semble s’être égaré en chemin. Et son temps de jeu famélique lui permet surtout de faire connaissance avec la capitale russe en compagnie notamment de Tino Costa. L’argentin, passé par la Paillade de 2008-2010, joua d’ailleurs les entremetteurs et facilita grandement le rapprochement entre les deux parties. Pas sûr que Louis Nicollin lui en soit toujours gré...

Car si Barrios a ouvert son compteur en inscrivant un but à Rennes et face à Lens, cela n’a guère émoustillé le truculent propriétaire montpelliérain. « Il revient bien mais je crois qu’il va partir », concède ce dernier comme pressé de se débarrasser d’un choix imposé par son entraîneur. Séduit par son profil de joueur en pivot autour duquel ses partenaires prennent plaisir à tourner autour, Courbis ne l’a pas lâché.

« A partir du moment où je prends la responsabilité des bons comme des mauvais choix et bien maintenant on fait avec, rappelle le technicien. C’est le type de joueur que je voulais avoir et bien on fait tout pour le mettre dans les meilleures conditions et l’aider à s’améliorer. » Cela s’est notamment traduit par de longs entretiens individuelles alors que le joueur doutait des intentions de ses dirigeants à son égard. Se sentant indésirable, il demande à son agent d’activer ses réseaux pour lui trouver une porte de sortie en Amérique du Sud et provoque également une rencontre avec ces derniers.

« Lorsqu'il a lu et entendu qu'il n'était plus le bienvenu, il a songé effectivement à partir, reconnaît Courbis. C'est peut-être une coïncidence, mais les améliorations sont arrivées depuis cette discussion. Lucas s'est alors inquiété qu'on ne le veuille plus, et il nous a dit : « Si vous voulez que je parte, je pars ! » Non, je lui ai dit : « On veut juste que tu sois un peu meilleur et que tu nous mettes un but de temps en temps ».

A Metz, son joueur a même fait mieux que ça. Il a inscrit un triplé sur ses trois uniques frappes de la rencontre, portant son total à cinq. Pas de quoi en faire un ennemi public numéro un pour autant. Suffisant néanmoins pour éviter les quolibets de son président ?

JULIEN ROUX

2015-01-19 13:53:52
Suivez toutes les compétitions avec LeFoot.fr