LeFoot.fr : Actus, Live, Résultats, Vidéos & Stats
LeFoot.fr

La passion du football depuis 2001

NOUVELLES SPORTS - LIGUE 1
J22 : LE Joueur
J22 : LE Joueur

Claudio Beauvue

Quoi de plus normal que de marcher sur l’eau quand on se trimbale affublé du surnom « Air ». Si Claudio Beauvue a connu un certain retard à l’allumage, c’est peu dire désormais qu’il est en feu. Version terre à terre, ça donne 13 buts sur ses 14 derniers matchs officiels. Pour ceux qui pourraient en douter, ces stats appartiennent bien à Beauvue. Ce joueur offensif, plutôt généreux mais trop souvent brouillon, qui n’affolait guère les défenses de Ligue 2 deux ans auparavant. A en passer parfois même presque totalement inaperçu. Exilé sur un couloir, le Guadeloupéen justifie alors pleinement le choix des dirigeants nantais de ne lui avoir proposé aucun contrat professionnel au sortir de son cycle formateur à la Jonelière.

Troyes et Châteauroux, lassés par ses performances sans saveur, ne se montrent pas franchement réticents au moment d’acter son départ. Son prêt de six mois à Bastia, pour ses premiers pas dans l’élite, ne s’avère guère plus convaincant. Les dirigeants corses refusant ainsi de lever l’option d’achat pourtant minimaliste incluse dans son contrat. Au contraire de leurs homologues guingampais qui le récupèrent contre un chèque d’un montant inférieur au million d’euros. L’entraîneur de l’En Avant, Jocelyn Gourvennec, qui avait fait le forcing pour l’attirer en Bretagne convaincu de son potentiel encore inexploité, se fatigue à son tour de ses contre-performances. Et l’écarte pour trois matchs au cœur de l’hiver dernier.

« Claudio faisait des choses qu’il ne sait pas forcément bien faire, constate le coach breton. Comme décrocher au cœur du jeu, faire des contrôles orientés dos au but… Il a gommé tout ça et renforcé ses points forts. Ca en fait aujourd’hui un joueur très intéressant. » Et désormais craint des défenses adverses. Une métamorphose qui s’analyse au travers notamment du travail invisible qu’il n’a eu de cesse de s’ingurgiter ces dernières années. Conscient parfois de ses limites techniques et surtout animé par la volonté de ne plus revivre les galères du National, il a consenti beaucoup de sacrifices. « Jouer des matches de très haut niveau tous les trois jours, c'est du bonus, savoure-t-il. J'ai des amis à Châteauroux pour qui c'est difficile. Il faut être conscient de la chance qu'on a de pratiquer un métier de la sorte, avec en plus cette année la Ligue Europa. »

Son doublé face à l’Aris Salonique dans un match couperet qui sentait le souffre n’a pas seulement qualifié son équipe pour les 32èmes de finale de la compétition, il a également matérialisé sa capacité à enchaîner les rencontres en conservant sa lucidité devant le but. « On en a trois ou quatre garçons dans l'effectif qui peuvent jouer tous les trois jours sans baisser d'intensité. Il fait partie des gros moteurs, des grosses VMA. C'est remarquable, il a une bonne constitution. Il fait aussi beaucoup d'efforts dans son quotidien pour rester à ce niveau, il est très rigoureux là-dessus. » Très méthodologique, son joueur précise. « C'est vrai que j'adore le travail physique. J'en fais en dehors des séances d'entraînement. Je me repose au maximum, je ne sors pas souvent de chez moi sauf pour des choses bien précises, je fais très attention à mon hygiène de vie. »

Un quotidien qui dit beaucoup de son état d’esprit. « Travail, humilité et rigueur, poursuit-il. Ce sont les trois mots qui me définissent dans tout ce que j’entreprends dans mon métier. Je suis quelqu’un de bosseur. Je me concentre en priorité sur le terrain pour donner ce que je sais faire de mieux à l’équipe, en restant à ma place. » Celle sur le terrain a changé. Et c’est sans doute dans ce repositionnement au poste d’avant-centre que le déclic s’est produit pour celui qui vient d’inscrire 7 buts en championnat depuis début décembre. Face aux blessures et aux méformes persistantes, Gourvennec n’a eu d’autre choix que d’innover et de provoquer des réactions de la part de ses joueurs en proie aux doutes et à une crise de résultat.

Beauvue, qui avait été formé à ce poste, est rapidement séduit par l’idée. « Il pèse, il sent bien les coups, il est fort au duel, notamment aérien, décrypte son entraîneur. Dans les décrochages pour tenir le ballon, il est aussi costaud, même s'il n'est pas très grand. Avec Nantes, il fait quand même un paquet de séances. Je lui ai demandé s'il avait oublié cela, il m'a répondu non. Ca revient vite, c'est comme le vélo. » En effet, Beauvue n’a pas eu besoin de pédaler bien longtemps pour se découvrir une efficacité qu’il ne soupçonnait certainement pas lui-même. Il faut dire que ses temps de passage donnent dans l’inédit. Son doublé contre Lorient porte ainsi son total à 10 buts en Ligue 1 (il a aussi inscrit 4 buts en Coupe d’Europe).

Une barre symbolique qu’il n’avait jusque-là atteint qu’à deux reprises dans sa carrière. Et encore, c’était avec Troyes en National, et Châteauroux et L2… « Je peux encore progresser, confie-t-il des rêves plein la tête. A l'image d'un Didier Drogba (lui aussi passé par le Roudourou), arrivé sur le tard et encore en pleine forme à son âge. » Qu’on se le dise « Air » Beauvue a bel et bien pris son envol et n’a sans doute pas fini de planer.

JULIEN ROUX

2015-01-27 13:42:58
Suivez toutes les compétitions avec LeFoot.fr