LeFoot.fr : Actus, Live, Résultats, Vidéos & Stats
LeFoot.fr

La passion du football depuis 2001

NOUVELLES SPORTS - LIGUE 1
J23 : LE Joueur
J23 : LE Joueur

Julien Féret

Cela peut paraître surprenant. Mais, il en est ainsi. Même la différence a ses récurrences. L’une d’elles est l’incompréhension. Et la division qui l’escorte en forme d’inéluctable conséquence. Rares sont ainsi les fois où Julien Féret à fait l’unanimité. Auprès de ses formateurs. De ses entraîneurs. De ses partenaires. Ou même des observateurs. Cela explique notamment sa trajectoire singulière. Recalé du centre de formation rennais, il n’a connu le professionnalisme qu’avec un contrat amateur à la main. C’était du côté de Cherbourg en National.

Son entraîneur s’appelait alors… Patrice Garande. Un coach qui a de son aveu « réussit à [le] rendre performant avec un son discours différent ». Celui-là même qui l’a de nouveau sorti de l’ornière alors que le crépuscule de son histoire douloureuse avec le Stade Rennais se faisait jour au printemps dernier. Féret n’était alors que l’ombre de lui-même. Un joueur quelconque relégué au bout du banc par Philippe Montanier. Le contraste avec ses deux premières saisons bretonnes n’en était que plus saisissant.

Pour son retour du côté du Stade de la Route de Lorient, après avoir dû batailler contre les préjugés et ferrailler longtemps en Ligue 2, il prend une revanche sur lui-même et sur ses détracteurs. En étant notamment le véritable maître à jouer de son équipe. Impliqué dans pas moins d’un tiers des réalisations rennaises durant cette période (avec 26 buts et 19 passes décisives), il est inspiré et inspire ses coéquipiers par la précision et la finesse de sa qualité technique. Et puis… Rien ou presque.

A croire que la nouvelle désillusion traversée par les Rennais en finale de la Coupe de la Ligue face à Saint-Etienne l’a profondément meurtri et fait perdre le fil de sa propre histoire. Une histoire qui l’avait quelque mois auparavant pourtant conduit aux portes de l’équipe de France. Les pré-convocations qu’il avait reçues resteront toutefois sans lendemain. Tout comme les belles promesses de ses deux premières saisons rennaises. Celui qui osait tant est désormais en panne d’imagination. Alors qu’il tirait au but toutes les 42 minutes, il ne tente plus sa chance qu’une fois par match. Au mieux.

Le trou noir s’écrit ainsi d’une page blanche. Ses statistiques personnelles demeurent vierges en Ligue 1. Au mercato d’hiver, à six mois de la fin de son contrat, la question de son départ se pose avec une certaine acuité. Il refuse la proposition financière avantageuse de Sion (100 000 euros par mois) et décline celles venues de Chine alors qu’il ne peut répondre favorablement à celle émanant des Etats-Unis. La faute à un vilain pépin physique. Eloigné des terrains, il traine son spleen. Sa signature à Caen n’y change rien. Féret erre sur le terrain. A la recherche de ses repères et de ses sensations.

« Il ne faut pas se le cacher, car il en est conscient, un joueur comme Julien doit nous apporter plus, » déclare son entraîneur en octobre. Patrice Garande, à l’origine de sa venue en Normandie, joue également une partie de sa crédibilité. Lui qui a fait le choix de laisser filer sans contrepartie financière le meilleur passeur de L2, Fayçal Fajr, pour faire une place à celui qu’il avait lancé dix ans auparavant. « Sa présence a été décisive, dévoile Féret. Au téléphone, j’ai senti beaucoup de confiance de sa part. J’ai besoin d’avoir un coach qui me soutient totalement. »

Celle-ci s’effrite lorsque le manager malherbiste décide de troquer son 4-1-4-1 pour un 4-4-2 plus classique. De meneur placé en soutien de l’attaquant, Féret se retrouve un cran plus bas à la récupération. « Moi aussi, j’ai été surpris (ce choix), concède-t-il avec franchise. Mais je m’y suis fait. J’essaie d’être à fond dans mon rôle, même s’il n’est pas naturel pour moi. J’y prends du plaisir, même si j’aimerais parfois jouer plus haut, être plus décisif. Mais j’essaie d’être influent dans l’entrejeu. » Seulement, ses stats personnelles ne valident pas ses bonnes intentions.

Avec une seule passe décisive à son actif lors des 18 premières journées, il incarne, à l’inverse, les difficultés caennaises dans le jeu. La faute à un physique s’accommodant mal de la répétition des efforts. Et à une vision du jeu parfois difficilement déchiffrable. « Il a une finesse dans le jeu qui n’est pas toujours comprise par ses partenaires », livre sans concession Garande. Qui se résout finalement à le retirer de son onze de départ. Quand bien même il réinstaure le 4-1-4-1. « Je sais que beaucoup d'entre vous nous voient déjà condamnés, déclare-t-il au sortir du revers contre Lille (10 janvier). Il nous manque juste un petit truc. »

Un petit truc nommé Julien Féret. Déjà avant la trêve, il avait semblé retrouver une certaine facilité à se déplacer dans les intervalles. Cela lui avait notamment permis d’inscrire le but égalisateur contre Bastia lors de la dernière journée de la phase aller. Depuis, le meneur de jeu n’a eu de cesse de monter en puissance et de gagner en aisance au sein d’une organisation désormais équilibrée et reposant sur les mêmes hommes de base. Libéré, il fait désormais parler sa créativité. Avec bonheur. Et si Caen vient d’enchaîner pour la première fois de la saison un troisième succès consécutif, il le doit en grande partie à son numéro 10.

Auteur du but vainqueur contre Saint-Etienne au terme d’une jolie percée, il restait surtout sur une performance en tout point remarquable à Rennes. Face à son ancien club, il avait rappelé combien il savait encore à 32 ans allier efficacité et geste de classe. « Les qualités de Julien, on les connaît, rappelait son entraîneur après que son joueur ait délivré trois passes décisives et marqué un but (victoire de Caen 1-4). On sait que c'est un joueur très technique, mais il a rajouté de l'intensité dans la récupération des ballons et dans les duels. C'est un joueur qui ne laisse pas indifférent, on aime ou on n’aime pas. Mais quand il est comme ça, on ne peut qu'aimer. » Difficile en effet d’avancer le contraire.

JULIEN ROUX

2015-02-03 13:50:19
Suivez toutes les compétitions avec LeFoot.fr