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J31 : LE Joueur
J31 : LE Joueur

Modibo Maïga


Après avoir réveillé ses vieux démons de buteur un 1er novembre (un doublé face à Caen pour ses 2 premiers buts en championnat sous ses nouvelles couleurs), Modibo Maïga s’est plu à ressusciter lors du week-end pascal. Par la grâce d’un triplé qui entretient le fol espoir d’un miracle. Celui de voir Metz se sauver des eaux de l’enfer, communément appelés Ligue 2. Pas besoin de s’y pincer pour y croire, cet instantané n’a rien d’un vulgaire mythe raconté ici ou là. Ici bas, l’image du réel dit plus volontiers combien le chemin de croix fut une épreuve escarpée et mentalement usante pour l’international malien.

« C’a été dur pour moi, souffle-t-il. Parce que je suis quelqu’un de collectif et, quand on voit qu’on ne marque et qu’on ne gagne pas, ce n’est pas facile. Mais j’ai un peu d’expérience en L1. Je n’ai jamais lâché, j’ai toujours cru en moi. Je suis travailleur, donc j’ai travaillé, travaillé et Dieu m’a récompensé. » La foi en lui ne l’a donc jamais quitté. A dire vrai, elle l’a toujours habité et escorté à chacune des étapes de sa carrière. Elle ne l’a pas préservé non plus de quelques pêchés dont il se serait a posteriori sans doute bien passés.

Il s’est ainsi égaré au gré de ses fréquents allers-retours entre le France et l’Angleterre. Par suffisance parfois. Par orgueil aussi. A l’instar de l’intersaison 2013 où il refuse de s’engager à Saint-Etienne après une première année frustrante dans l’est londonien. « Cela a failli se faire. Je leur (les dirigeants de l’ASSE) ai donné mon accord. Compte tenu de ma situation ici… Je n’étais pas bien. Je n’étais pas heureux à West Ham*. Quand tu es un joueur et que tu ne joues pas, à un moment donné il faut partir. En Angleterre, en France, ou ailleurs. Peu importe. L’important, c’était de rejouer, de trouver du plaisir. Je ne pouvais pas rester comme ça. Maintenant, c’est du passé. »

Son agent, Karim Aklil, n’a, lui, pas oublié. Et rappelle que son présent messin n’y est pas étranger. « Il a parfois fait des mauvais choix, regrette-t-il. À l’été 2013, s’il avait été plus résolu, il aurait signé à Saint-Etienne. Six mois après, je lui ai déconseillé d’aller aux Queens Park Rangers où il a été prêté six mois mais il ne m’a pas écouté. » Peut-être parce qu’il a eu trop tendance à le faire par le passé ? C’est une explication. Celle d’un comportement imprévisible, toujours à la limite, en est une autre. Tendant à le dépeindre sous les traits d’une bombe à retardement prompt à exploser au moindre excès de température.

« C’est un grand affectif. Il a plus besoin que les autres d’être entouré et aimé, reconnaît Philippe Gaillot, en charge du recrutement du FC Metz. Ç’a été dur au début. Il a fallu qu’il retrouve le goût de l’effort et il a parfois eu tendance à renoncer. Mais avec Albert Cartier on l’a poussé. Il a bossé et s’inscrit désormais dans la dynamique du club. » Ce qui ne fut pas toujours le cas. En témoigne son passage à Sochaux où il n’a pas hésité à se mettre volontairement en retrait afin d’étaler au grand jour ses desiderata. Alors frustré de ne pouvoir obtenir gain de cause en vue de son transfert outre-Manche, il s’était engagé dans un bras de fer, aussi maladroit qu’inopportun, avec les dirigeants sochaliens.

« Je veux que ça se fasse avec Newcastle, clamait-t-il trois ans et demi en arrière. J'y ai rencontré tout le monde, ils me veulent et ce n'est pas n'importe quel club. L'Angleterre, c'est un rêve. Je veux partir, il faut que le président accepte de négocier.* » Il refusera. Et Maïga séchera. Deux matchs face à Caen et Nancy. Avant de disparaître à quelques jours de la clôture du mercato. Et de tourner le dos à sa sélection alors qu’elle s’apprêtait à disputer un rendez-vous crucial pour la qualification à la CAN 2012 face au Cap-Vert. Puis de réapparaître enfin, six mois plus tard, dans l’Eurostar direction… Newcastle.

Sans jamais passer par la case St James’ Park cependant. Bloqué dans la salle d’attente du centre médical pestant contre un check-up non concluant. Ne permettant pas de finaliser l’accord qui portait sur un contrat de cinq ans. « Je suis déçu de la tournure des évènements, lâchera un Aklil quelque peu chafouin. Modibo est en parfaite condition physique, ce qui a été confirmé par l'un des plus grands spécialistes en la matière. Je suis assez surpris des moyens - trop légers à mon goût - mis en œuvre lors de sa visite médicale et par le diagnostic établi par les docteurs mandatés par le club. Je suis convaincu que le futur nous donnera raison et que Modibo prouvera par son efficacité qu'il reste l'un des meilleurs attaquants du Championnat de France. »

Décidé à ne pas laisser sa réputation (celle d’ingérable pas de machine à scorer) se faner, il a bourgeonné d’imagination cet hiver pour s’octroyer un départ en vacances précoce. Sans mot d’absence ni excuse recevable (une prétendue douleur à l’épaule), il s’est mis en sommeil à la chambre d’embarquement censé envoyer lui et ses coéquipiers défier l’OM à 3 journées de la trêve. « Un SMS ne suffit pas, peste Gaillot. On n’a rien eu de concret. Je n’ai jamais vu un joueur pro ne pas se présenter à un rendez-vous, sans jamais répondre aux nombreux appels. A cause de ça, on a dû aller à Marseille avec seulement 17 éléments. » Les Lorrains s’y sont inclinés lourdement.

Et ont vu l’horizon de la zone rouge se rapprocher dangereusement à mesure que la fracture avec Maïga n’en finissait plus de s’écarteler. Conspué par le public pour ses prestations indigestes, il est désigné, hâtivement, comme la raison de tous les maux grenats. Pour sa défense, son utilisation dans un registre d’attaquant de pointe isolé a passablement terni son rayonnement personnel. Reste que ses 4 réalisations ne plaidaient alors guère en saveur. Et semblaient bien maigrichonnes au regard notamment de la réussite affichée par son prédécesseur à Metz et successeur chez les Hammers Diafra Sakho.

« On n'efface pas deux saisons au placard en Angleterre d'un claquement de doigts, martèle Cartier dans un élan protecteur qui ne trompe personne. Avec la qualité de son jeu de tête, il doit nous aider sur coups de pied arrêtés. Or, ce n'est pas le cas. Il doit être moins statique et proposer davantage de solutions. Il est encore dans la réaction et non dans l'action. Mais il doit d'abord sentir les vraies sensations d'un match : l'adrénaline, le stress, le plaisir et l'envie de se battre. » Autant d’éléments qui ont repris miraculeusement vie face à Toulouse.

JULIEN ROUX

* West Ham l'a acheté à Sochaux pour un montant estimé à un peu moins de 6 millions d'euros.
* Newcastle proposait alors 8 millions d'euros pour s'attacher les services de Modibo Maïga.
* Metz possède une option d'achat estimé à 3,5 millions d'euros à la fin de son prêt d'un an.

2015-04-07 13:52:02
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