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Ligue 1 : Que l'histoire commence...
Ligue 1 : Que l'histoire commence...

Un autre regard sur la Ligue 1 (FourFourTwo, magazine de référence outre-Manche)


Bien revigorés et même immunisés de tous tracas financiers, les clubs anglais (et pas seulement ceux richissimes de la Premier League) ont posé un regard plein de gourmandise sur leurs voisins français. Si la tendance n’est pas nouvelle (les exemples couverts de plus ou mois de réussite d’Arsenal, Newcastle ou encore Tottenham le prouvent), elle connait en se marché estival une explosion sans précédent*. A se demander même si la Premier League ne finance pas, tout ou du moins en partie, la Ligue 1… FourFourTwo se gardera bien d’y répondre et a préféré prendre la température de L1.

La première journée a d’ores et déjà envoyé un message. Le champion en titre a débuté sa saison comme il avait terminé la précédente. En gagnant. Sans nécessairement produire une grande performance collective. Dès lors, la même interrogation subsiste. Le Paris Saint-Germain, gonflé aux pétrodollars qataris, sera-t-il contrarié dans sa quête de trophée (il a réalisé un quadruplé historique l’an passé – Ligue 1, Coupe de France, Coupe de la Ligue et Trophée des Champions) ? Il va de soi que les hommes de Laurent Blanc en course pour un quatrième de champion consécutif font figure d’hyper favoris. Reste que Monaco et l’Olympique Lyonnais ont les moyens de tourmenter dans de grandes largeurs la vie du PSG. Il leur faudra néanmoins réaliser un départ canon pour éviter de traîner un handicap rédhibitoire.

3 raisons de croire en une saison de tout premier choix 

1)    Des prétendants au titre renforcés

Si l’Olympique de Marseille de Bielsa avait constitué une menace bien réelle, celle-ci s’était éteinte après la trêve. Sa flamme avait cependant continué à jeter un froid sur le Parc des Princes. C’est que l’OL avait réalisé une saison bien au-delà de ses espérances. Bercé par l’éclosion des plus beaux talents de son académie (Lacazette, Fekir, Njie, Lopez et Tolisso pour ne citer qu’eux), il a coloré la course un titre d’une touche de suspense haletant. Obligeant même le PSG a aligné une série de 9 succès de rang pour conserver sa couronne. Et rien ne laisse à penser que l’histoire ne se répétera pas.

La raison ? Son effectif ne s’est pas affaibli. Tout au contraire. Les dirigeants lyonnais avaient rapidement identifié les carences de leur groupe. Un axe défensif friable, des couloirs en délicatesse en cas de pépins physiques à répétition et un numéro 10 trop souvent absent (qu’il s’agisse de Gourcuff ou Grenier). Pour leur retour en Ligue des Champions, ils n’ont donc pas hésité à investir en recrutant notamment Mapou Yanga Mbiwa (que les fans de Newcastle ne regrettent pas forcément), Rafael (qui a su se faire progressivement oublier des fans de Man United) et Mathieu Valbuena (qui continuent d’hanter les fans de Liverpool ).  

Monaco a, lui, prouvé par sa campagne en Ligue des Champions que son projet russo-lusophone n’était pas nécessairement destiné à l’accident industriel. Et qu’il pouvait même susciter les convoitises. Les quelque 60 millions d’euros conjointement posés sur la table par l’Inter Milan et l’Atlético Madrid pour s’attacher les services de Geoffroy Kondogbia et Yannick Ferreira-Carrasco en témoignent. Une manne financière qui n’a pas inclinée le board monégasque à revoir sa stratégie. A l’inverse, elle lui a permis de lui donner un nouvel élan.

En revitalisant en profondeur un compartiment offensif qui avait parfois manqué d’imagination lors du précédent exercice (Cavaleiro, El Shaarawy, Carrillo, Bahlouli et Boschilia). Sa solidité défensive n’ayant aucune raison d’être remise en cause, sa base arrière n’ayant pas été retouché, l’équipe de Leonardo Jardim semble avoir ainsi gagné en maturité et densité. Suffisant pour atteindre la phase de groupe de la Ligue des Champions sans connaître un retard à l’allumage en Ligue 1 ? Si oui, la Principauté sera alors la réponse vivante aux questions posées par la politique de développement du FC Porto.

2)    L’équation impossible : préparer l’imprévisible

Problème, le Paris SG n’a rien fait pour réveiller l’appétit de ses rivaux. Il les oblige, a contrario, à se découvrir de nouvelles ressources d’année en année. Lors de cette intersaison, le président Nasser Al-Khelaifi a bien été attaqué sur les dossiers Ibrahimovic, Cavani, Verratti et Thiago Motta. Cela ne la guère fait sourciller. D’autant que le Fair Play Financier de l’UEFA desserré sa surveillance donnant au PSG la latitude à même de donner un peu plus d’épaisseur à ses envies de Ligue des Champions. Il a ainsi pu finaliser le dossier Angel Di Maria qu’il n’avait pu concrétiser, faute de moyen, lors du dernier mercato estival.

En déboursant cette fois pas moins de 62 millions d’euros, il a envoyé un message. Rien ni personne n’égratignera son ambition de domination européenne. Sa prestation, pleine de maîtrise et d’autorité, face à Lyon lors du Trophée des Champions (2-0) n’a en tout cas pas renforcé l’idée d’un fossé qui se réduit entre lui et ses concurrents directs sur le plan national. Pourtant, la Ligue 1 prend un malin plaisir chaque saison à faire de l’imprévisibilité un gage de promotion à l’extérieur de ses frontières.

La déflagration et le retentissement de la démission de Marcelo Bielsa* à la suite de la défaite de son équipe face à Caen à Vélodrome sont venus rappeler avec force combien ce championnat est un exemple à suivre pour qui veut passer maître en effet de surprise à répétition. Sa réputation de ligue au sein de laquelle tout le monde peut battre tout le monde n’a pas pris une ride. Il n’a ainsi pas fallu attendre plus longtemps que la fin de la première journée pour de nouveau le constater. Le leader s’appelle aujourd’hui Angers.

Et il y a fort à parier que les écoliers français auraient bien du mal à le localiser sur une carte. Après 20 ans d’absence dans l’élite, il s’est en allé s’imposer à Montpellier, le dernier club à avoir privé le PSG d’un titre de champion… Sans compter que Lyon n’est pas parvenu à l’emporter chez lui contre Lorient alors que Bordeaux et Saint-Etienne se sont inclinés respectivement face à Reims et Toulouse…  Cette année encore, les 6 équipes européennes, en dépit de leur surface financière supérieure et de leur aura affirmée, vont souffrir sur le plan national. De quoi pimenter un peu plus la course aux strapontins européens et la lutte pour éviter la relégation.

3)    L’Euro 2016 pour inviter aux rêves

Leur fragilité économique sur le plan européen les invite à constamment à se renouveler. Et à investir massivement dans la formation. Cette propension ne montre aucun signe d’essoufflement. Les clubs français, à l’exception du PSG, ne pouvant s’en priver. Lyon s’est ainsi reconstruit une réussite en empruntant ce chemin qu’il avait quelque peu délaissé au moment de son hégémonie. Monaco est, pour sa part, en train de devenir la référence en matière de post-formation sur le Vieux Continent.

Marseille et Saint-Etienne, confrontés à des départs majeurs (Payet, Gignac, Imbula et Ayew à l’OM ; Gradel, Erding, Tabanou et Van Wolfsinkel à l’ASSE), se sont également tournés vers la jeunesse pour redensifier leur effectif. Certains évoqueront un affaiblissement général quand d’autres souligneront plus volontiers une chance pour les nouveaux venus de prouver leur potentiel. A y regarder de plus près, la liste des talents, piaffant de promesse, ne s’est pas vraiment appauvrie (Augustin, Martial, Rabiot, Pasalic, Traoré, Pléa, Rekik, Sarr, Boufal, Guirassy, Waris, Ntep, Bahebeck, Thomasson, Fofana, Gajic, Jean, Delort…).

Leur explosion au plus niveau sera certainement facilitée par l’amélioration notable des infrastructures de la majorité des clubs hexagonaux. Boosté par l’attribution de l’Euro 2016, l’état français a mis la main à la poche pour coordonner la mise en place de vastes travaux de rénovation. Un choix, sujet parfois à de fortes contestations, qui devrait néanmoins être accueilli avec plus d’enthousiasme à l’approche de la compétition. Cet effort budgétaire, largement contrebalancé par la suppression du DIC et l’instauration de la taxe à 75%, contribue ainsi à faire du football tricolore un spectacle total.

De multiples coups de pinceaux dont les clubs pourraient bien commencer à percevoir les bienfaits pour peu que la politique envers les supporters retrouve cohérence et bon sens. Dans ce contexte d’embellissement généralisé, l’arrivée du Gazélec Ajaccio dans l’élite évoque l’idée d’une incongruité rafraîchissante. Son stade d’un autre temps, aux tribunes imparfaites et disloquées par le temps, a tout pour devenir un territoire imprenable, théâtre de légendes que l’on raconte de génération en génération. Que l’histoire commence…


* Retrouvez tous les transferts club par club en cliquant ici / A noter que votre serviteur vous proposera une analyse de ce phénomène à l’issue de la fermeture du marché du transfert.
*Retrouvez un papier d'analyse sur l’expérience Bielsa à l’OM en cliquant ici.

Julien Roux (inspiré d’un article de Four Four Two à découvrir ici en VO)

2015-08-15 13:20:45
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