J23 : Les Faits Marquants


Loin de nous l’idée de jeter de l’huile sur le feu. L’Etat et la Ligue de Football Professionnel remplissant, à vrai dire, ce rôle de pompier pyromane à merveille. Année après année, déclarations  après déclarations, la posture de ces deux institutions n’a eu de cesse de refroidir leur relation avec les ultras, et de réchauffer les intentions revendicatrices de ces derniers. Laissant parfois suggérer à une stigmatisation sciemment orchestrée par les autorités.

Une stratégie visant ainsi à repousser, purement et simplement, loin des stades cette poche de contestation s’élevant contre le foot moderne et ses éventuelles dérives. Et à déclencher un contre-feu version écran de fumée masquant le long déclin du foot français et l’incapacité de ses dirigeants à en inverser la courbe. Une façon comme une autre aussi, de les priver d’un droit fondamental : celui de s’exprimer et de se mouvoir comme bon leur semble.

Comme si les ultras étaient finalement devenus des animaux parqués dans des enclos sur lesquels on testait des mesures jouant constamment avec leur constitutionnalité. Sous couvert d’un état d’urgence bien veillant, garantissant une impunité incontestable. Parfait stratagème pour dénigrer leur parole et la rendre inaudible auprès d’un grand public perméable seulement aux débordements dans et autour des enceintes de football. Reste que ces violences laissent, à certains égards, songeurs…

Celles survenues au stade Océane en témoignent. Si les images ont posé leur focus sur les sièges brisés dans le parcage lensois et ceux tourbillonnant avant d’atterrir tout près des joueurs, aucune d’entre elles n’a laissé filtrer les évènements ayant provoqué l’ire des supporters Sang et Or. Alors que les interpellations en tribunes se poursuivaient manu militari, les premières vidéos étaient postées sur les réseaux sociaux.

Sur Twitter notamment, les provocations des forces de l’ordre se mélangeaient à l’incompréhension de personnes chantant l’amour de leur club, et coincées dans les coursives ainsi qu’à l’extérieur du stade. Interdits de gagner leur emplacement réservé, ils s’agaçaient. Interpellant prestement des policiers et CRS préférant se réfugier dans le mutisme et les regards noirs. Sans dialogue aucun, ils décidèrent finalement de passer à l’action. L’agacement se transformant alors en pleurs et en heurts.

Les yeux rougis et les gorges noués par les gaz lacrymogènes et les tirs de flashball, les fans lensois, sans distinction, se mirent à courir en direction de leur bus, tentant de trouver au plus vite un refuge d’infortune. Le chaos s’empara de l’esplanade. Femmes et enfants criant leur angoisse et leur peur, bien loin finalement de l’image d’un football familial et sans violence prôné de longue date par Frédéric Thiriez.

Certains s’empressaient de commentaires sous forme de questionnements à voix haute : « Et si finalement l’interdiction de déplacement des supporters n’était pas la solution ? » En haut-lieu, la réponse est trop connue pour être ignorée. A tel point que l’on ne compte plus aujourd’hui les arrêtés pris à l’encontre des supporters par des Préfets sagement éloignés des réalités et n’hésitant pas à s’appuyer parfois sur des faits pas franchement corroborés par les différentes parties présentes.

Dans ce contexte un brin pipé, il ne serait guère surprenant de voir les groupes de supporters lensois privés de déplacement au Havre lors des prochaines saisons au titre d’une « rivalité entre ultras des deux camps ayant provoqué des débordements entrainant des interpellations et la mise à disposition disproportionnée de forces de l’ordre ». Le crime serait alors parfait. S’il faudra attendre les prochains mois pour en confirmer l’existence, le premier verdict a d’ores et déjà été rendu.

Sa nature autant que son auteur ne suggèrent aucune amélioration dans les semaines à venir. Gervais Martel, longtemps chantre du petit peuple lensois, s’est empressé de bannir les Red Tigers, principal groupe ultra du RCL, de Bollaert. Si ses motivations sont sans doute multiples, une nous vient cependant à l’esprit : elle viserait à préserver ses intérêts en écartant des ultras pas toujours tendres envers la politique menée par un président à la dérive.

On en oublierait presque la victoire tranquille du HAC face à un Lens défait pour la première fois depuis octobre. La résurrection au-dessus de la ligne de flottaison de Nîmes. L’envol de Nancy en tête du classement. La chute interminable du Paris FC, lanterne rouge battue à Brest. Bref, le football n’était pas au cœur des préoccupations du weekend. Une fois encore. Vivement l’Euro 2016…


JULIEN ROUX

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Brest – Paris FC : 1 – 0

Créteil – Dijon : 0 – 1

Evian TG – Metz : 0 – 1

Laval – Niort : 0 – 0

Nancy – Clermont : 3 – 1

Nîmes – Auxerre : 2 – 1

Sochaux – Bourg-Péronnas : 1 – 1

Tours – AC Ajaccio : 1 – 1

Valenciennes – Red Star : 0 – 0

Le Havre – Lens : 2 – 0